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L'industrie du disque fait sauter les verrous numériques

Après EMI et Warner et dans la foulée d'une décision d'Apple, les branches françaises des {majors} Universal et Sony Music ont annoncé vendredi qu'elles renonçaient aux verrous anticopie (DRM) sur leur musique vendue en ligne. Elles espèrent stimuler le téléchargement légal et entendent mettre les pouvoirs publics au pied du mur sur le dossier du piratage.
Article rédigé par franceinfo
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C'est un gage d'ouverture, une reddition au principe de réalité et un appel du pied.
En annonçant vendredi soir, à quelques heures de l'ouverture du Midem de Cannes (marché international de l'édition musicale) que les verrous numériques (DRM) sur les morceaux de musique téléchargés légalement seraient retirés, les majors, Universal et Sony music, se sont rangés à la décision d'Apple, leader mondial de la vente de musique en ligne.
Le 6 janvier, la firme à la pomme a annoncé qu'elle allait faire sauter les DRM sur les titres vendus sur sa plateforme iTunes d'ici la fin mars, après avoir passé des accords avec les maisons de disques. Les morceaux pourront être lus sur tous types d'appareils et non plus uniquement les baladeurs iPod d'Apple.

Le maintien de ces verrous par les majors sur les plateformes françaises, à commencer par les deux principales, Fnacmusic et Virginmega, n'aurait eu guère de sens après leur suppression sur iTunes, le leader du marché.

Rempart... au téléchargement légal

Pourtant, l'industrie du disque était très attachée à ces verrous, qui limitent le nombre de copies et empêchent de lire les morceaux sur tous les supports (ordinateurs, différents baladeurs, dont la
vedette du marché, l'iPod). Ils devaient constituer un rempart contre le piratage. Mais de plus en plus d'observateurs estiment qu'en fait, ils ont plutôt étouffé le téléchargement légal.
_ Or ce téléchargement légal pourrait constituer l'assurance vie de l'industrie du disque, confrontée à une baisse continue des ventes de disques (une diminution de moitié en sept ans). Parallèlement, le téléchargement légal explose (+ 50% en France en 2008, 20% dans le monde), sans toutefois compenser les pertes dues aux méventes de disques. Mais 95% des téléchargements effectués restent des pirates.

Cette décision d'ouverture coinciderait donc avec l'intérêt économique des majors. Elle sert aussi à faire pression sur les politiques. Car l'industrie du disque, en exposant, en quelque sorte, sa poitrine aux pirates, telle Marianne sur une barricade, espère pousser les pouvoirs publics à adopter la loi “Création et internet”, qui stagne dans les tuyaux parlementaires. Visant à améliorer la protection des œuvres culturelles sur internet, elle a été adoptée par le Sénat et doit maintenant passer devant l'Assemblée nationale. Elle était attendue l'an dernier. Les producteurs rêvent de la voir au Journal officiel en mars.

Quant au calendrier de suppression des DRM, il s'échelonne au gré des majors. Universal l'avait déjà testé ces derniers mois. Sony Music a annoncé qu'elle retirait ces verrous “à titre d'expérimentation” sur toutes les plateformes.
_ Warner, elle, avait annoncé le 7 janvier leur suppression pour un an, à titre de test, sur Fnacmusic et Virginmega. EMI avait été le premier poids lourd à renoncer aux DRM, en avril 2007 sur iTunes. Quant aux maisons de disques indépendantes françaises, elles avaient déjà renoncé à ces
verrous.

Grégoire Lecalot, avec agences

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