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Il est l'homme qui a fabriqué la main en 3D de "Super Max"

Maxence, né avec une malformation à la main droite, a reçu sa première prothèse de main lundi 17 août. Un appareil fabriqué par un bénévole grâce à une imprimante 3D. 

Article rédigé par Florian Delafoi - Envoyé spécial à Cessieu (Isère),
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Maxence, né avec une malformation à la main droite, reçoit sa prothèse imprimée en 3D par un fabricant bénévole le lundi 17 août, à Cessieu (Isère).  (JEFF PACHOUD / AFP)

C'est sa première poignée de main. Tout sourire, Maxence, 6 ans, secoue énergiquement la main de Thierry Oquidam dans le jardin familial, à Cessieu (Isère), lundi 17 août. Le garçon est né sans sa main droite. Mais, désormais, "il sera le garçon le plus cool de l'école", s'enthousiasme celui qui a imprimé et offert cet appareillage au petit Maxence. C'est la première fois en France qu'un enfant reçoit une prothèse conçue à l'aide d'une imprimante 3D. Une technologie en plein essor et qui pourrait bien s'imposer comme un objet du quotidien. 

Vingt-quatre heures pour créer une prothèse

Le nouveau jouet de Maxence a été bricolé par Thierry Oquidam à l'aide de morceaux de plastique, de velcro et de fils de pêche pour actionner les doigts. "J'ai fabriqué la main grâce à une imprimante 3D. La machine fonctionne un peu comme un pistolet à colle qui va empiler les couches de plastique. Le procédé est très simple, mais super lent. Il faut vingt-quatre heures pour réaliser une prothèse comme celle de Maxence", raconte cet imprimeur bénévole et informaticien à Paris. "J'aime bien ma nouvelle main. Quand je bouge mon poignet, ça la ferme ou ça l'ouvre", confie Maxence, un peu intimidé par les nombreux journalistes présents dans son jardin. 

Thierry Oquidam présente la prothèse de Maxence, lundi 17 août, à Cessieu (Isère). (FLORIAN DELAFOI / FRANCETV INFO)

Le garçon a pu choisir l'apparence de sa main dès le début du projet en juin 2015. Thierry Oquidam lui a même envoyé un croquis de la prothèse pour qu'il sélectionne les couleurs. Résultat : elle est rouge et jaune avec une pointe de bleu et un "M" majuscule comme sur les costumes de super-héros. De quoi devenir "Super Max", s'amuse Eric Contegal, son père. "Maxence a fait une œuvre d'art qui n'appartient qu'à lui", confirme Thierry Oquidam. 

Des modèles en accès libre sur internet

Le métier de Thierry Oquidam n'a pas grand-chose à voir avec l'univers des prothèses médicales. Informaticien à Paris, il fait partie de ceux qui ont été séduits par les promesses de l'imprimante 3D. "J'avais très envie d'en acheter une, mais, une fois reçue en juin 2014, je ne savais pas trop quoi faire avec. J'ai simplement réalisé un support pour ma tablette tactile et des figurines Mickey pour mes enfants", plaisante-t-il.

Pour que sa nouvelle acquisition ait une véritable utilité, il décide de rejoindre Enabling the Future. L'association américaine propose des modèles de prothèses en open source, c'est-à-dire en accès gratuit sur internet. L'idée est venue de deux personnes qui ont conçu une main artificielle pour un enfant en Afrique du Sud. Leur organisation compterait, un an après sa création, près de 6 000 membres partout dans le monde, selon Thierry Oquidam. 

Une main artificielle pour 50 euros

Ce système collaboratif permet de créer des produits à bas prix, et donc accessibles à plus de monde. Thierry Oquidam a déjà fait ce joli cadeau à cinq enfants, en Grande-Bretagne notamment. Selon lui, près de 1 000 enfants pourraient être intéressés par une telle main en France. "La prothèse coûte moins cher qu'une paire de chaussures. Son coût de fabrication est de 50 euros", observe l'informaticien. Les parents de Maxence n'ont pas dépensé un centime. "Thierry a fabriqué la prothèse avec ses deniers personnels. Il a acheté les produits", précise Eric Contegal, le père de Maxence et président de l'Assedea, une association qui vient en aide aux enfants nés avec une malformation à un membre.

 

Une "prothèse bas de gamme", selon son créateur, qui est bien plus adaptée au rythme de vie d'un enfant que les prothèses médicales à la pointe de la technologie. "J'ai fabriqué deux mains pour Maxence, car je ne suis pas certain de la résistance de la première. C'est un garçon très dynamique. Cette prothèse est faite pour être cassée, on peut facilement remplacer une pièce", sourit Thierry Oquidam. Et le petit garçon est en pleine croissance. "Dans un an, [elle] sera sans doute trop petite."

Des projets ingénieux et peu coûteux

"La main de Maxence ne vient pas du marché des prothésistes", concède Thierry Oquidam. Des alternatives à ces équipements coûteux fleurissent un peu partout. Nicolas Huchet, amputé depuis maintenant treize ans, a réussi à bricoler une prothèse très performante et à un prix dérisoire. Les doigts s'actionnent un à un avec une simple contraction du bras. Sa main artificielle coûte seulement 200 euros, soit 150 fois moins qu'une prothèse disponible sur le marché. Son projet Bionico Hand, dont les plans sont en open source, a été récompensé par le prestigieux prix de l'Innovation sociale, décerné par le MIT (Massachusetts Institute of Technology). "Avec son équipe, il a fait un travail colossal de recherche et développement", souligne le fabricant bénévole, admiratif.

Les projets collaboratifs ne manquent pas d'ingéniosité. Aux Etats-Unis, une fille de 10 ans, née avec une malformation de la main, peut désormais jouer du violon grâce à un support d'archer fabriqué avec une imprimante 3D, rapporte Fox6News. "Ces initiatives montrent que l'on peut fabriquer des objets très pointus avec des moyens financiers très faibles", se réjouit Virginie Contegal, la mère du petit Maxence, définitivement convaincue par ces avancées technologiques.

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