Cet article date de plus d'onze ans.

Crowdfunding : comment financer (tous) ses projets sans passer par la banque

Trouver des mécènes en ligne pour financer sa thèse ou un prêt à taux zéro pour passer son permis : c'est devenu possible grâce à des sites de "crowdfunding" qui ne financent pas que des films ou des albums, mais vous aident aussi à boucler votre budget. Ces sites de financement participatif se multiplient et accueillent toujours plus de projets, se posant comme alternative aux banques.
Article rédigé par Taimaz Szirniks
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Franceinfo (Franceinfo)

Après des années
passées à jongler entre des petits boulots et son doctorat, Olga Turcan s'est
décidée à trouver des mécènes. Pour financer sa thèse sur le rôle de la langue
française en Moldavie, cette jeune strasbourgeoise d'origine moldave a eu l'idée
originale de présenter son projet sur un site de financement participatif.

 Aidée
par une équipe de communicants, elle a su convaincre des dizaines d'internautes
de financer son projet et a obtenu plus de 5000 euros. Sa cagnotte lui permettra de terminer la rédaction de sa thèse en toute sérénité.

Financer ses projets personnels

Sur le site Indiegogo, ce n'est pas le nouvel album d'un
chanteur ou la production d'un film indépendant que l'on finance, mais les
projets personnels de tout-un-chacun. Le site américain surfe sur la mode du
crowdfunding, ou financement participatif, qui finançait d'abord des projets alternatifs en récoltant des participations auprès des internautes. Ces modes de financement originaux pourraient désormais pallier la frilosité des banques.

En France, le pilier du financement participatif KissKissBankBank a désormais un petit frère : HelloMerci
vous propose non pas de donner, mais de prêter de l'argent à taux très faible à des
projets qui vous touchent. Pendant qu'un musicien amateur réussit à y acheter un nouvel archet pour son violon, une jeune maman qui déménage en
Auvergne cherche à financer son permis de conduire.

L'année dernière, la société Babyloan avait inventé un modèle de microcrédit participatif, reprenant pour la bonne cause ce que proposait le site anglais Zopa, précurseur du crédit entre particuliers.

Proposer un projet bien construit

Pour sa thèse, Olga a réussi à se démarquer en proposant un projet bien construit et en attirant l'attention des médias. "Pour que les contributeurs comprennent que c'est un projet sérieux, j'ai
fait une vidéo de présentation, créé un site internet qui présente mon parcours et
le projet
" explique-t-elle.

Les contreparties sont également essentielles. Même si elle ne rendra l'argent aux donateurs, Olga les remercie par des attentions 

Ulule est le leader européen du financement participatif et adversaire de
Kisskissbankbank dans un secteur devenu désormais très concurrentiel. Les internautes s'y étaient réunis en février dernier pour offrir un bouquet de fleurs géants au garde des Sceaux Christiane Taubira, la remerciant de son soutien au mariage homosexuel.

Deux tiers des projets mis en ligne sur Ulule arrivent à être financés et c'est en moyenne 5000 euros que l'on obtient. Récemment, un éleveur a réussi à y faire financer l'achat de nouveaux poulets pour sa ferme.

Mais n'importe quel projet ne sera pas accepté : chez Ulule, Mathieu Maire de Poset tient à préciser que les projets de recherche universitaire peuvent avoir du succès, mais "qu'un projet à vocation totalement personnelle ne sera pas accepté.

En effet, il faudra convaincre non seulement un premier cercle d'amis, prêts à être solidaires, mais aussi les internautes inconnus qui n'investiront que si le projet a une vraie légitimité.

Flou juridique autour des magots participatifs

Les sites assurent des modes de paiement sécurisés, qui garantissent à l'internaute le retour automotatique de son investissement si le projet échoue. Mais ces modes de financement ne sont pas encore encadrés précisément
par la loi. Que faut-il déclarer au fisc lorsque l'on prête ou donne de l'argent à titre
participatif ?

Ces sites, qui n'ont pas l'agrément d'intermédiaire financier, se reposent sur la faible valeur des sommes échangées, perçues comme de simples services entre particuliers. La donne pourrait changer si, dans un futur proche, ces plateformes d'échange finissent vraiment par faire de la concurrence aux banques.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.