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Vidéo Thomas Pesquet, de retour sur Terre : "J'ai l'impression que mon corps le vit mieux que la première fois"

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Article rédigé par franceinfo
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L'astronaute français est de retour sur Terre depuis une semaine, après 199 jours en apesanteur à bord de la Station spatiale internationale (ISS). Il explique à francienfo sa réadaptation à la gravité terrestre.

"Je vais de mieux en mieux", a déclaré, sur franceinfo mardi 16 novembre, Thomas Pesquet qui est de retour sur Terre depuis une semaine après avoir passé plusieurs mois dans l'espace, au sein de la Station spatiale internationale (ISS). "J'ai l'impression que mon corps le vit mieux que la première fois." L'astronaute français est à Cologne (Allemagne), où se trouve le Centre européen des astronautes de l'Agence spatiale européenne (ESA), où il subit une batterie de tests et se remet en forme.

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Thomas Pesquet est aussi revenu sur la destruction d'un satellite en orbite par la Russie. L'équipage d'ISS a dû se réfugier temporairement dans ses vaisseaux afin de se préparer à une éventuelle évacuation d'urgence. "C'est un des rôles de la Station spatiale de montrer que cette coopération fonctionne et on espère que la tension entre les États disparaisse et qu'ensuite on va nous laisser travailler", a réagi l'astronaute français.

franceinfo : La Russie juge "hypocrites" les déclarations des Etats-Unis qui l'accusent d'avoir mis en danger l'équipage de l'ISS, Paris dénonce les "saccageurs de l'espace"... Il y a deux Russes, un Allemand et quatre Américains à bord, est-ce que ça peut gâcher l'ambiance ?

Thomas Pesquet : Les tensions sont plutôt au niveau étatique. Nous, à bord, au sein d'un équipage, on s'entend toujours bien. Evidemment, on ne parle pas politique tous les quatre matins. La politique et la religion, si on a envie de se disputer, ce sont des sujets qui marchent à 99% du temps. On a l'intelligence de garder ses opinions et ses convictions intimes pour soi et de faire en sorte que ça marche bien. Au sein des équipages, il y a toujours une bonne entente, même si au niveau des Etats cela se tend un petit peu. Justement, c'est un des rôles de la Station spatiale de montrer que cette coopération fonctionne et on espère que la tension entre les Etats disparaisse et qu'ensuite, on va nous laisser travailler.

Aviez-vous préparé vous aussi une évacuation d'urgence, face à ce type de danger ?

Oui, c'est un scénario auquel on se prépare dans l'éventualité où on a besoin de se mettre en sécurité. On prend énormément de précautions pour faire en sorte que le vol spatial reste sûr pour les participants, pour la mission, l'équipement, pour la Station spatiale. Dès qu'on a le moindre doute, on se prépare à la pire éventualité. Là, le nuage de débris n'a pas approché très près de la station mais ils ont quand même choisi de se mettre dans les meilleures conditions et c'était la bonne décision à prendre. Cela les a obligés à réagir de manière assez rapide mais c'est pour ça qu'on s'entraîne, cela fait partie du boulot.

Avez-vous été inquiet en apprenant l'information, notamment pour les quatre astronautes qui vont ont relayé à bord de l'ISS ?

Non, parce qu'on raisonne avec beaucoup de précautions. On calcule des probabilités d'approche. Ces débris sont suivis au radar depuis le sol, on calcule leur trajectoire avec quelques orbites d'avance et cela nous permet d'anticiper des conflits. Dès que ça passe à moins de 10 km de la station on prend nos précautions. Mais 10 km cela laisse un peu de marge. Mais c'est sûr que ça a dû leur faire un peu drôle d'arriver à bord de la station spatiale, d'essayer de trouver leurs marques pour s'orienter, se déplacer, de commencer le boulot tout doucement et puis d'être accueillis pas une situation d'urgence comme celle-là. Mais ça fait partie du boulot.

Vous êtes rentré sur Terre depuis une semaine, comment allez-vous ?

Je vais de mieux en mieux. Je passe plus de deux heures chaque jour à la salle de sport ou avec un kiné ou des gens du centre des astronautes qui m'aident à retrouver mes marques, mon corps de Terrien, l'équilibre, la coordination, des choses que j'ai perdues en m'habituant à l'environnement de l'espace. Pour revenir à 100%, il faut dix mois, mais là je suis déjà à plus de 90%. J'ai l'impression que mon corps le vit mieux que la première fois [en 2016-2017]. Je n'ai pas été du tout malade.

Que subit le corps en revenant sur Terre ?

J'ai des muscles du dos qui me rappellent tous les jours leur existence. Les positions assise, debout ou couché sont parfois un peu douloureuses au début. Globalement, on a un peu de perte musculaire, de perte osseuse, mais cela se passe plutôt bien. J'ai la chance d'être encore plutôt jeune pour le vol spatial et on a un programme d'entraînement à bord de la Station qui limite les effets négatifs. On n'a pas mesuré l'étendue des dégâts mais j'ai l'impression que ça va plutôt bien.

Quel est votre emploi du temps depuis votre retour ?

Cela commence vers 6h30. Il y a trois choses qui vont beaucoup m'occuper. La remise en forme, la partie médicale, sport qui me prend un bon tiers voire la moitié de la journée. Une autre grande partie va être le fait d'être cobaye d'expériences scientifiques. Cela commence avec des prélèvements avant la mission, pendant la mission et après la mission. Je refais les mêmes protocoles que j'ai faits à bord de la station. Le troisième thème, ce sont les debriefings, on revient sur la mission, on partage notre expérience.

Quelle va être votre prochaine étape ?

Tous mes collègues et les agences internationales ont mis la marche en avant pour retourner vers la Lune de manière un peu plus durable, en utilisant les ressources sur place. Ca sent la grande mission qui va nous attendre dans les années qui viennent et ensuite ce sera Mars dans un peu plus longtemps. En tant qu'agence on a à cœur de placer l'Europe, la France, au cœur de ce projet-là.

Pourquoi faut-il retourner sur la Lune ?

Il y a un volet scientifique, on peut faire des choses sur la Lune qu'on ne peut pas faire dans l'ISS ou sur Terre. On parle de se mettre sur la face cachée de la Lune et d'observer vers l'univers un peu profond sans être gêné par une source lumineuse. C'est quelque chose qu'on ne peut pas faire sur Terre. La Lune est un peu une répétition générale pour aller sur Mars. Sur Mars, on sait clairement qu'on va chercher les origines de la vie : comment l'eau liquide apparaît sur une planète et comment elle disparaît, est-ce que cela peut nous arriver sur Terre ? Retourner sur la Lune, cela va nous servir de répétition générale avant de pouvoir faire tout ça.

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