Le radiotélescope Noema dans les Hautes-Alpes, le plus puissant de l'hémisphère Nord, se dote de nouvelles antennes
Situé sur le plateau de Bure à 2000 m d'altitude, ce radiotélescope permet de détecter les ondes radios issues de l'univers et émises par les astres. La douzième et dernière parabole vient d'être mise en service, huit ans après la mise en place de la première antenne.
C'est un endroit hors du commun. Il nous faut encore quelques minutes de randonnée et on arrive au sommet du plateau de Bure. Nous sommes à plus de 2 000 m d'altitude et ça y est, on aperçoit ces énormes paraboles pointées vers le ciel. "Vous voyez les antennes qui sont en train d'observer, elles pointent rigoureusement la même position dans le ciel", explique Frédéric Gueth, directeur adjoint de l'Institut de radioastronomie millimétrique (Iram).
Ces étranges antennes paraboliques installées permettent de détecter les ondes radios issues de l'univers, émises par les astres. Les mêmes ondes qui vous permettent d'écouter la radio. "Elles observent la même source, indique Frédéric Gueth. Les sources dans le ciel émettent de la lumière ou des ondes. Alors on connaît les longueurs d'onde optique. C'est ce que notre œil voit. Mais on a tous entendu parler de l'infrarouge, de l'ultraviolet et puis des ondes radio. On peut étudier les processus de formation des étoiles, la dynamique des galaxies."
Co-financée par le CNRS, cette installation dans les Hautes-Alpes s'appelle Noema, pour Northern extended millimeter array. Huit ans après la mise en place de sa première antenne, la douzième et dernière parabole vient d'être mise en service. Ce qui fait de Noema le radiotélescope le plus puissant de l'hémisphère Nord et le deuxième radiotélescope le plus puissant au monde après Alma au Chili et ses 66 antennes. Il est le fruit d'un projet scientifique associant la France, l'Allemagne et l'Espagne. Il doit être inauguré le 30 septembre prochain par la ministre de la Recherche Sylvie Retailleau et son homologue allemande.
Une observation des régions les plus reculées de notre univers
Sur ce plateau, il y a évidemment ces douze antennes, mais aussi une base de vie où travaillent et vivent les personnes qui font tourner ce radiotélescope et puis un énorme hangar. "C'est le hall dans lequel les antennes ont été construites, explique le directeur adjoint de l'Iram. Tous les éléments des antennes sont montés sur le plateau de Bure et ensuite les équipes ont tout assemblé pour construire cette antenne de 120 tonnes et de 15 m de diamètre."
Ces paraboles se déplacent sur des rails. Ces derniers mois, les pistes ont été allongées jusqu'à 1,7 km, ce qui permet de zoomer encore un peu plus. "On est ici dans la salle de contrôle, décrit André, un des opérateurs du télescope. On va régler les récepteurs, les antennes et donc on est parti pour une observation de cinq heures sur un groupe de huit galaxies qui se trouvent très loin dans l'Univers, entre 10 et 11 milliards d'années-lumière."
Sur ces écrans, une multitude de chiffres, des graphiques, ce sont les signaux radio que les astronomes comme Edwige Chapillon vont ensuite décrypter. "On va traduire les différentes fréquences en couleurs visibles pour que l'on puisse les voir, explique l'astronome. Mais ce seront en effet des images en fausses couleurs. En millimétriques, on est sensible à tout ce qui est très froid, moins 270° Celsius, et on va voir de la poussière. Et on va aussi être sensible au gaz et principalement à la composition moléculaire de ce gaz." Et parmi les faits d'armes du télescope Noema, on retrouve l'observation de la galaxie la plus lointaine connue à ce jour.
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