Espace : l'astéroïde 2023 DW risque-t-il vraiment de percuter notre planète ?
L'histoire semble sortie du film catastrophe Armageddon. Pourtant, la Nasa a bien annoncé sur Twitter, mardi 7 mars, avoir découvert et placé sous surveillance neuf jours plus tôt un astéroïde baptisé 2023 DW. Et selon les calculs de l'agence spatiale américaine, cet objet céleste d'un diamètre de 50 mètres environ pourrait frapper notre planète le 14 février 2046, pour une Saint-Valentin unique en son genre. Probabilités de collision, zone d'impact possible, moyens de surveillance... Franceinfo fait le point sur cette alerte à l'astéroïde.
Une chance sur 625 de s'écraser sur Terre
Les probabilités que 2023 DW ne vienne percuter notre planète sont infinitésimales, rassure la Nasa, même s'il faudra encore "plusieurs semaines de collecte de données pour réduire les incertitudes" concernant cet astéroïde. "Dès que nous découvrons un objet de ce type, nous prédisons sa trajectoire pour le siècle à venir (...) et dans la majorité des cas, nous éliminons le risque de collision très rapidement", a expliqué à CNN Davide Farnocchia, ingénieur de l'agence spatiale. "Mais [pour cet astéroïde] nous ne pouvons pas encore le faire, il nous faut plus de données."
Selon le Bureau de coordination de la défense planétaire, un service de la Nasa dédié à la surveillance et à la protection de la Terre contre les objets géocroiseurs (comme les astéroïdes), la probabilité d'un impact de 2023 DW est d'approximativement 0,16% – soit une chance sur 625. "Je préfère dire les choses autrement : il y a 99,8% de chances que cet objet n'atteigne pas la Terre", a résumé Davide Farnocchia au micro de CNN.
Des premières estimations rassurantes
Toujours selon la Nasa, cet astéroïde se trouve actuellement à 0,13 unité astronomique de la Terre (soit 19,4 millions de kilomètres environ) et voyage dans l'espace à une vitesse de 24,63 kilomètres par seconde… soit plus de 88 000 km/h au compteur. Mais pas de panique, répète l'agence spatiale, qui propose un suivi en temps réel des astéroïdes sur son site (en anglais). D'après les dernières estimations, 2023 DW devrait passer à plus d'1,8 million de kilomètres de la Terre le 14 février 2046 –une distance cinq fois plus grande que l'écart qui sépare notre planète de la Lune.
Cet astéroïde pourrait-il causer des dégâts importants, s'il venait toutefois à s'écraser sur Terre ? "Sa taille est intéressante, car c'est à peu près celle de l'astéroïde qui se serait désintégré au-dessus de Tongouska [en 1908, dans le centre de la Russie], ce qui avait tout de même provoqué la destruction de centaines de kilomètres carrés de forêts", souligne à franceinfo le physicien Richard Moissl, spécialiste des astéroïdes à l'Agence spatiale européenne (ESA).
Comme le rappelle Richard Moissl, la dangerosité d'un astéroïde dépend de sa taille, mais aussi de son point d'impact, sur terre ou en mer, loin ou proche de zones habitées. "Sa composition est aussi très importante, fait valoir le physicien. Un astéroïde ferreux peut être plus résistant à l'atmosphère et causer un puissant impact, comme cela est arrivé à Meteor Crater, en Arizona [Etats-Unis] il y a des dizaines de milliers d'années."
L'astéroïde sera surveillé encore quelques semaines
Les différentes agences spatiales détectent régulièrement des objets géocroiseurs. "Notre liste en compte actuellement 31 000, détaille Richard Moissl, avec environ 1 450 astéroïdes posant un risque de collision avec la Terre." Mais attention à la définition de ce "risque" : malgré sa probabilité d'impact extrêmement faible, 2023 DW se classe tout de même en première place de cette "liste de risque" de l'ESA (document en anglais). "C'est le seul à être classé 1 sur 10 sur l'échelle de Turin [du nom du baromètre utilisé pour catégoriser les risques d'impacts des astéroïdes ou des comètes]", précise le physicien, expliquant que cet objet n'est ni à suivre, ni dangereux selon ce classement.
"Nous restons très calmes, assure Richard Moissl, l'objet sera observable dans les mois à venir et nous aurons de nouvelles mesures d'ici deux à trois semaines, afin de recalculer le risque." Si les scientifiques avaient eu la moindre inquiétude, "nous en aurions déjà informé le Réseau international d'alerte aux astéroïdes et le groupe des agences spatiales sous l'égide de l'ONU, qui auraient pris les mesures appropriées", détaille le physicien.
Parmi ces mesures, l'on retrouve la possibilité de faire dévier un astéroïde de sa trajectoire, comme cela a été fait pour la première fois de l'histoire en septembre dernier, lors de la mission Dart. Un vaisseau "kamikaze" de la Nasa avait alors percuté et changé la course de l'astéroïde Dimorphos, large de 160 mètres, à quelque 11 millions de kilomètres de la Terre.
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