Espace: Soyouz, nouveau voisin d'Ariane
Mis à jour à 10h30 : lancement reporté de 24h
Il fut un temps où l'on ne mêlait pas l'Ouest et l'Est, une époque où l'on craignait l'espionnage, où l'Autre, même s'il exerçait le même métier, était forcément différent, alors on inventait des mots pour se différencier. A l'Ouest, s'entraînaient les spationautes. A l'Est, on formait des cosmonautes.
Désormais, ils sont tous astronautes. L'Autre est devenu chinois, taïkonaute. Et Russes et Occidentaux se côtoient volontiers. Les Moscovites ont été associés à l'assemblage de la Station Spatiale Internationale. Les navettes américaines ont été rangées au garage, au profit des vaisseaux slaves. Et pour la première fois, ce matin, une fusée russe sera tirée depuis le sol français. Enfin, elle devait être tirée originellement ce matin - elle ne le sera que demain...
Pour Arianespace, l'affaire peut s'avérer juteuse. Les fusées Ariane ne suffisaient plus pour répondre à la demande. C'est l'occasion de faire grossir le carnet de commandes.
La fusée s'appelle Soyouz, sept tonnes sur la balance, elle arrive en terre inconnue. Soyouz ne connait que Baïkonour, cité minière kazakh, et Plessetsk, fraîche bourgade de l'Arctique russe. La voilà donc à Sinnamary, sa forêt tropicale et sa recrudescence de papillons, à quelques encablures de Kourou.
Pour s'implanter là, les Russes ont dû accepter d'ajouter une sécurité sur leur engin. Pas question de le voir s'écraser aux alentours. La Guyane n'est pas le désert kazakh. Soyouz doit pouvoir être désintégré en vol, si la trajectoire n'est pas respectée.
La construction du pas de tir russe a commencé en 2005. Deux millions d'heures de travail, plusieurs mois de retard, mais le résultat est là. Le décollage est prévu à 7h34 heure locale, 12h34 à Paris. A bord du Soyouz, deux passagers à l'électronique dernier cri: les satellites Galileo IOV-1 PFM et FM2. Des satellites européens.
Soyouz est programmé pour les larguer à plus de 2.000 kilomètres d'altitude. Une mission commandée par l'Agence spatiale européenne. PFM et FM2 sont les premiers d'une série de trente satellites conçus pour former une véritable constellation artificielle: un nouveau système mondial de navigation par satellite.
Ce GPS bis devrait pouvoir tenir douze ans. Les bonnes choses ont une fin. Nous n'en sommes qu'à leur commencement.
Augustin Arrivé, avec agences
Oeuvres liées
{% document %}
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.