Des scientifiques déchiffrent l'ADN d'un Homo sapiens vieux de 45 000 ans
Cette étude permet de préciser la période où les Néandertaliens et les Hommes modernes, dont nous sommes les descendants, se sont croisés.
C'est une plongée aux origines de l'espèce humaine. Une équipe internationale a séquencé le génome d'un Homme moderne qui vivait il y a 45 000 ans en Sibérie, établissant le record du plus vieux génome d'Homo sapiens décodé à ce jour. Cette étude, menée par Svante Pääbo, pionnier de l'ADN, est rapportée dans la revue britannique Nature (en anglais), mercredi 22 octobre.
Ce paléogénéticien n'en est pas à son coup d'essai. Directeur du département d'anthropologie génétique de l'Institut Max Planck de Leipzig (Allemagne), il a été cité ces deux dernières années parmi les possibles nobélisables, pour ses travaux sur l'ADN de l'homme de Néandertal.
Son récent travail pose une nouvelle pièce du puzzle de la diversité génétique de notre espèce apparue en Afrique il y a environ 200 000 ans. Il permet de préciser la période où les Néandertaliens et les Hommes modernes, dont nous sommes la descendance se sont croisés. Il fournit également de nouvelles informations sur l'histoire des débuts de l'Homme moderne hors d'Afrique.
Un os découvert par hasard en 2008
Cette nouvelle recherche a été menée sur un os découvert par hasard, en 2008, sur les rives de la rivière Irtych, près d'Ust'-Ishim, en Sibérie occidentale. Ce fémur gauche ayant appartenu à un individu de sexe masculin est vieux de 45 000 ans, selon la datation au carbone 14.
L'étude d'une partie médiane "relativement complète" de l'os a permis d'apprendre que son propriétaire appartenait à une population proche des ancêtres des hommes d'aujourd'hui, non-africains. Svante Pääbo a montré qu'une petite partie du génome de l'homme d'aujourd'hui provient des Néandertaliens, nos plus proches cousins apparus il y a environ 400 000 ans et qui se sont éteints il y a 30 000 ans.
Le génome de l'individu d'Ust'-Ishim comporte un pourcentage de gènes provenant de l'homme de Néandertal légèrement supérieur aux hommes d'aujourd'hui : environ 2,3% (contre 1,7% à 2,1% pour les populations actuelles d'Asie de l'Est et 1,6% à 1,8% pour les Européens). Mais son génome contient des segments d'ADN néandertaliens en moyenne trois fois plus longs que ceux d'humains contemporains.
Le brassage entre Néandertaliens et Homo sapiens est récent que prévu
Cela tendrait à montrer que la rencontre entre Néandertaliens et Homo sapiens remonterait seulement entre 232 et 430 générations avant l'existence de l'individu d'Ust'-Ishim. Cela correspond à peu près à la période majeure de l'expansion de l'Homme moderne hors d'Afrique et du Proche-Orient.
Les nouvelles données génétiques obtenues indiquent que le croisement entre les hommes de Néandertal et l'Homme moderne s'est produit il y a 45 000 ans, probablement quand les premiers Homo sapiens ont quitté l'Afrique et rencontré les hommes de Néandertal au Proche-Orient, avant de se répandre en Eurasie.
Des données plus précises que les estimations qui couraient jusqu'à maintenant. Les scientifiques considéraient, en effet, que le transfert génétique avait dû se produire entre 37 000 et 86 000 ans.
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