Contre la grève des médecins, une pétition et un coup de gueule
Une trentaine de
syndicats de médecins et d'organisations professionnelles ont appelé à cesser
le travail, pour une durée illimitée, depuis lundi. Une manifestation est
prévue à Paris mercredi après-midi. Les conséquences de la grève sont directes
: interventions chirurgicales non urgentes reportées, maternités fermées,
consultations annulées,... Mais certains médecins ont tenu à sortir des rangs.
Et à se désolidariser du mouvement.
Une pétition signée par
140 médecins
Ils ne sont pas d'accord
avec les méthodes employées par leurs confrères. André Grimaldi et Jean-Paul
Vernant, deux professeurs de l'Assistance publique-hôpitaux de
Paris (AP-HP) ont lancé une pétition pour protester contre le mouvement des
chirurgiens libéraux auquel ils refusent de s'associer.
Le texte a été signé par
au moins 140 médecins selon le journal Le Parisien , dont Irène Frachon, la
pneumologue qui a dénoncé le scandale du Mediator.
"La médecine, ce
n'est pas la brocante ! "
Selon les professeurs à
l'origine de la pétition, cette "grève corporatiste, au moment où le pays
connaît une crise économique et sociale majeure, ne peut pas être comprise par
l'opinion publique ". Ils appellent "les médecins et les internes à ne
pas la suivre ".
André Grimaldi,
professeur de diabétologie à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris tape du
poing sur la table, notamment sur les dépassements d'honoraires, que les
médecins veulent "sans limite ".
"Comment peut-on
défendre que ces dépassements d'honoraires varient considérablement d'un
quartier à l'autre ? Pour une cataracte, un dépassement peut aller de 150 à 1.500
euros. Comment justifier cela ? La médecine, ça n'est pas la brocante !" (André
Grimaldi)
Le professeur ne
comprend pas comment les médecins peuvent se mettre en grève après l'accord
passé avec le gouvernement et l'assurance maladie sur les dépassements d'honoraires,
il y a trois semaines. Et il se dit même "choqué ".
Pour Philippe Cuq,
coprésident du syndicat Le Bloc, à l'initiative du mouvement, cette pétition a
été lancée par "des hommes politiques dont les situations à l'hôpital sont
très confortables et qui vivent en dehors de la réalité du quotidien de la
médecine de terrain ".
La querelle public/privé
relancée ?
La Fédération
Hospitalière de France (FHF), qui représente les hôpitaux publics, demande la
réquisition de chirurgiens libéraux dans les cliniques privées pour que la
grève ne touche pas trop les hôpitaux.
Du côté des patients, le
Collectif interassociatif sur la santé (CISS, qui regroupe une quarantaine
d'associations) a, dans un communiqué, violemment critiqué le mouvement du
secteur privé et ses motivations.
"Rappelons tout de même que la suspension de leur activité par les
chirurgiens fait peser sur les personnes ayant une opération programmée ou un
accouchement, une pression insupportable ", explique le CISS. "D'ores
et déjà, la consigne est de réorienter les personnes concernées vers l'hôpital
public, avec les conséquences que l'on peut pressentir sur la désorganisation
supplémentaire de cet hôpital public qui n'en a nul besoin ", ajoute-t-il.
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