Cet article date de plus de six ans.

Mission InSight sur Mars : "La sonde va arriver à une vitesse d'environ 20 000 km/h"

François Forget, planétologue et directeur de recherche au CNRS, raconte comment la sonde InSight doit se poser lundi sur Mars. 

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Visuel de la sonde qui doit atterrir sur Mars lundi 26 novembre.  (AFP PHOTO / NASA / HO)

La sonde américaine InSight doit toucher la surface de la planète Mars lundi 26 novembre, à l'issue d'une descente à haut risque. C'est la première fois depuis 2012 qu'un engin tente de se poser sur Mars, depuis le véhicule Curiosity de la Nasa, le seul encore actif sur cette planète voisine de notre Terre. "C'est un peu terrifiant quand on attend parce que tout est automatique", explique à franceinfo François Forget, planétologue, directeur de recherches au CNRS, qui retient son souffle.

François Forget, planétologue et directeur de recherche au CNRS, répond à franceinfo

franceinfo : Comment va se passer la descente de la sonde vers Mars ?

François Forget : Tout va très vite, la sonde va arriver à très grande vitesse, environ 20 000 km/h, au-dessus de l'atmosphère de Mars, rentrer, chauffer fortement, elle va ouvrir un parachute puis allumer des rétrofusées, tout ça sur six minutes et demi. C'est un peu terrifiant quand on attend parce que tout est automatique, Mars est trop loin, on ne peut pas la piloter en temps réel. Beaucoup de choses peuvent arriver, il y a beaucoup de mécanismes qui doivent fonctionner les uns après les autres sans erreur, c'est extrêmement risqué. Dans le passé, on a vécu pas mal d'accident, de crash et cela va être très angoissant.

Les ingénieurs disent qu'avec Mars rien n'est jamais acquis et que tout est difficile. Qu'en pensez-vous ?

Tout à fait. Je fais ce métier depuis quelques années déjà et j'ai participé à de nombreuses missions en Europe pour lesquelles il y a eu des échecs. J'ai été directement impliqué dans deux tentatives d'atterrissage à la surface en 2003 et en 2016 et par deux fois nous avons échoué suite à de petites erreurs, des problèmes infimes. Les Américains ont beaucoup d'expérience mais ils ont aussi leur taux d'échecs. La dernière fois que j'étais ici au Jet Propulsion Laboratory pour une mission, elle n'a pas fonctionné non plus, donc il y a beaucoup de suspens.

Quel va être le rôle de cette sonde ?

Pour l'instant, on avait surtout observé la surface, la géologie, l'atmosphère et là, pour la première fois, on va enquêter sur l'intérieur de la planète. On va utiliser un sismomètre, français. Cela mesure des tremblements de Mars, c'est intéressant de voir s'il y a une activité géologique, et à chaque fois qu'il y a un tremblement cela génère des ondes qui éclairent l'intérieur de la planète. Pour l'instant, on ne sait pas trop ce qu'il y a à l'intérieur et on va peut-être avoir des surprises et en apprendre beaucoup sur comment se construisent les planètes telluriques.

La sonde possède une sorte de taupe qui va creuser. Que va-t-elle faire exactement ?

Elle va descendre jusqu'à 5 mètres, comme si elle se tapait sur la tête avec un marteau. L'idée c'est de mesurer à quel point la température augmente en allant en profondeur. Donc, essayer d'estimer à quel point l'intérieur de Mars est chaud. Cette mesure permet d'avoir l'idée de la chaleur interne de la planète. Le moteur de l'activité géologique rentre dans de nombreuses considérations et c'est important de savoir la quantité d'énergie qu'il y a.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.