Cet article date de plus de treize ans.

20 questions, 20 réponses sur la grippe mexicaine

Toute la journée, nos spécialistes santé répondent aux questions que vous vous posez sur le virus.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Les questions posées à Jean-François Lemoine :

  • Pourquoi le porc a-t il été l'animal touché par ce virus ?

    D’abord, dans le monde des virus, les accouplements sont nombreux et deux parents parfaitement connus et respectables peuvent donner naissance à un tueur. C’est le cas avec ce nouvel « assemblage » Mexicain : l’union d’un virus très dangereux, mais faible et d’un virus voyageur inoffensif, mais vigoureux, donnant ainsi naissance à un virus capable de s’attaquer au monde, en semant la désolation.
    Ensuite, on sait depuis toujours que le porc est l’animal dont les organes sont les plus proches de l’homme, au point que l’on avait, un temps, envisagé de les utiliser pour des greffes humaines.
    On redoutait que lorsque deux virus se marieraient dans l’organisme d’un porc, le résultat serait hautement dangereux pour l’homme. Ce que l’on craignait s’est produit au Mexique, dans l’intimité des poumons d’un porc.
    La suite était prévisible : La contamination d’un éleveur mêlant sa respiration à celles de ses animaux infectés… et l’histoire de cette épidémie à commencé à s’inscrire chez l’homme.

  • Peut-on continuer à manger du porc ?

    Le porc ne peut contaminer un homme que lorsqu’il y a contact direct, par l’intermédiaire de la respiration ; En aucun cas, en consommant de la viande. D’autre part, les virus, quels qu’ils soient, sont totalement détruits par la cuisson. Le porc ne se mangeant pas cru, il n’y a aucun risque de se priver du plaisir des charcuteries et autres rôtis…
    Même chose pour l’homme, si j’ose dire, la contamination ne se fera que par la respiration, d’ou l’intérêt de ces masques que l’on devrait alors de vous proposer.

  • Pourquoi meurt-on de la grippe ?

    Il faut rappeler sans cesse que la grippe, quelque soit son origine, est une maladie parfois mortelle. Chaque année 5000 Français en paient le tribu, beaucoup moins qu’autrefois et cela grâce à cette vaccination qui, chaque année, peut vous paraître contraignante, mais qui a prouvé très largement son efficacité.
    Mais lorsque le virus est inattendu – rappelons que dans sa forme habituelle, il est traqué de longs mois avant de mettre au point le vaccin – et que l’organisme ne possède pas de protection contre un de ses cousins, qu’il n’ a pas pu développer un semblant d’immunité donc de protection, l’attaque est foudroyante ; d’autant plus si le virus est méchant, ce qui est le cas de ce virus Mexicain . Le développement des microbes est tel que l’on meurt par maladie pulmonaire ou neurologique.

  • Qui sont les personnes les plus vulnérables au contact du virus ?

    Lorsqu’un virus attaque, il se produit une bagarre dans l’intimité de notre corps, dont on ne soupçonne pas la violence. C’est ce que l’on appelle la réponse immunitaire à une agression.
    Il est donc facile de comprendre que ceux qui seront les plus fragiles sont les personne dont l’immunité n’est pas exceptionnelle : soit par immaturité comme chez les bébés, soit pas diminution de sa force comme chez les gens âgés, soit par déficience dans des maladies comme le Sida.
    Dans toutes ces circonstances, il faut encore être plus prudents. On vient de le voir avec le premier décès Américain, survenu chez un bébé.

  • Que sait-on de l'efficacité des antiviraux ?

    Les antiviraux peuvent être efficaces ; on l’a vu dans le cas du Sida.
    En ce qui concerne Relanza et Tamiflu, les deux antiviraux, anti grippe, leur efficacité ne fait pas l’unanimité. Lancés à grands renforts de promotion chez les médecins, dans le cadre de la grippe habituelle, ils avaient reçu, il y a une dizaine d’années, un accueil très mitigé. En clair, le succès espéré n’était pas au rendez-vous.
    La situation a totalement changé avec la menace de la grippe aviaire puis de cette grippe Mexicaine. L’homme supporte mal de ne proposer qu’une réponse moyennageuse à ces épidémies : c’est à dire principalement l’éviction.
    Ce qui était une aide modeste pour une grippe ordinaire est devenu primordial lorsque la vie des malades a été en jeux. Le recours a ces médicaments s’est donc avéré précieux mais avec une nuance de taille : En aucun cas, on ne prévient la grippe. Cela ne sert à rien d’en prendre pour éviter la maladie. En revanche, une fois le diagnostic fait, la prise, pendant une semaine, de ces produits atténue indiscutablement les symptômes.
    Toutefois, il ne s’agit que d’espoirs… Espérons que nous n’aurons pas à le vérifier à grande échelle.
    Enfin un dernier point : les médecins se demandent un peu comment se fera la distribution de ces 33 millions de doses. On peut imaginer la pagaille qu’elle risque de provoquer ;

  • Est-on sur qu’un jour une pandémie de grande envergure frappera le monde ?

    On critiquera sans doute demain, toutes ces initiatives d’information si, comme c’est probable, ou du moins on le souhaite, cette épidémie ne devient pas mondiale. Mais attention, il faut être conscient de deux choses.
    D’abord avec le Sras, plus encore qu’avec la grippe aviaire, le monde moderne a frisé la catastrophe : Grâce à des mesures parfois très impopulaires, comme la fermeture complète de la ville de Toronto, ce sont des millions de vies qui ont été épargnées dans le monde ainsi qu’une facture, à côté de laquelle le coût de la crise financière actuelle, pourrait ressembler à une banale note de blanchisserie.
    Plutôt que de critiquer, il faut féliciter l’Organisation mondiale de la Santé d’avoir eu le courage de menacer l’ordre du monde.
    Ensuite, ces mesures ont été prises parce que tous les spécialistes des maladies infectieuses savent que, comme le grand tremblement de terre Californien, cette pandémie, c’est ainsi que l’on appelle une épidémie mondiale, se produira, inéluctablement. Car le monde des anciens en à l’expérience. La célèbre grippe Espagnol par exemple qui, en 1919, a fait plus de morts, que toute le première guerre mondiale.
    Alors il faut remercier ceux qui en recule l’échéance et ceux qui, en cas de catastrophe, iront risquer leur vie pour en atténuer l’intensité.

  • Doit-on être inquiet si on est allé au Mexique dans les dernières semaines ?

    Tous ceux qui rentrent du Mexique, ou d’une zone où l’épidémie est avérée, doivent savoir que si aucun symptômes ressemblant à ceux de la grippe ne surviennent au delà d’une semaine après leur retour, il n’y a aucun soucis à se faire. C’est en effet le délai d’incubation de ce virus .

  • Les médecins sont-ils inquiets ?

    Les médecins sont inquiets, véritablement inquiets, car notre monde moderne n’est pas près à supporter une maladie mortelle pour lesquels nos moyens de lutte peuvent paraître dérisoires. En dehors des antiviraux dont on ne connaît pas l’efficacité réelle, l’isolement, les masques ou le lavage des mains, même si on connaît leur efficacité, ont été inventé dans l’antiquité.
    Les médecins sont inquiets car ils ne sont probablement pas assez nombreux pour répondre à la demande ; enfin ils sont inquiets car ce sont aussi des hommes qui savent qu’en cas de pandémie, la profession aura à payer un lourd tribu en pertes humaines.

  • Pourquoi semble-t-on aujourd'hui surpris par l'apparition de ce virus alors que l'on attendait plutôt le virus de la grippe aviaire ?

    D’abord la grippe aviaire reste une vraie menace tout aussi redoutable que cette grippe du porc. Elle est tout simplement endormie ; gardons nous bien de la réveiller, mais il est probable que l’on devra en reparler.
    Avec cette grippe porcine c’est tout simplement l’arsenal de guerre des virus qui se complète.

  • Quelles sont les règles d'hygiène quotidiennes ?

    Le lavage des mains avec le port d’un masque sont les principales précautions, dès que l’épidémie touchera notre pays.
    Le lavage – c’était hier la journée mondiale du lavage des mains - , doit se faire plusieurs fois par jour avec du savon et en frottant au moins trente secondes sous l’eau tiède.
    Pour se protéger et protéger les autres.

  • Tous les hopitaux sont-ils équipés pour traiter d'eventuels cas ?

    Tous les hôpitaux sont équipés, pour traiter les problèmes respiratoires ou neurologiques d’une grippe qui se complique. La plupart possèdent aussi des secteurs d’isolement pour éviter de contaminer d’autre malades.
    Toutefois ce sont les circuits de l’urgence qui font dire à certains médecins que nous ne sommes peut-être pas le pays le mieux préparé au monde.
    Souvent dans nos hôpitaux, celui qui tousse est au contact de celui qui s’est fracturé la jambe et cela reste inadmissible en cas d’épidémie par un virus dangereux.
    Il va falloir que nos médecins généralistes, dont on sait qu’ils seront les piliers de la défense, prennent ce problème en partie en charge.

    Les questions posées à Bruno Rougier :

  • Comment se propage le virus ?

    Ce virus de la grippe mexicaine se propage comme celui d'une grippe classique c'est à dire principalement par les voies respiratoires. Quand une personne malade éternue, qu'elle tousse, elle expulse des petites goutellettes dont certaines sont très fines et contiennent le virus grippal. Cette projection se fait jusqu'à une distance d'environ 1 mètre. Si donc une autre personne se trouve très proche, elle respire ces virus envoyés dans l'air qui vont la contaminer... Un autre mode de contamination est possible : par les mains. Les mains d'un malade sont en effet couvertes de virus souvent parce qu'il met sa main devant la bouche quand il tousse. En serrant la main d'une autre personne il transmet le virus... Il suffit alors que la personne saluée porte sa main au visage pour être contaminée

  • Les masques de protection sont-ils efficaces ?

    Les masques de proterction réduisent le risque mais ils ne sont pas efficaces à 100 %.
    En réalité il faut différencier deux types de masque : les masques dits FFP2 qui prennent à la fois le nez et la bouche, on en trouve dans certains magasins de bricolage. Ces masques dont la France a acheté un stock de 750 millions sont avant tout utilisés par le personnel médical qui est en contact direct avec les malades.
    Les autres masques dits chirurgicaux, et dont la France a acquis un stock d'un milliard d'exemplaires sont destinés à éviter la propagation de la maladie. Ils devront être portés par les personnes malades. Le port du masque empêchera d'envoyer des microbes autour d'elle. C'est donc un acte altruiste et civique. Bien sûr les personnes bien portantes pourront aussi porter ces masques.

  • Un vaccin est-il en préparation ?

    A travers le monde 4 laboratoires sont susceptibles de fabriquer un vaccin. Mais pour fabriquer ce vaccin il faut d'abord disposer de la souche virale de type A/H1N1 qui est à l'origine de cette épidémie. Une fois que les laboratoires auront reçu la souche du virus qui sera fournie par l'organisation mondiale de la santé, il faudra qu'ils isolent le principe actif. Cela prendra quelques jours. Une fois l'agent infectieux isolé il faudra le multiplier pour en obtrenir de grandes quantités. L'étape suivante prendra plusieurs mois, ça passera par la fabrication d'un premier lot de vaccin qui sera testé sur des volontaires pour voir s'il n'entraine pas d'effets indésirables. Enfin si tout va bien, on pourra passer à l'étape finale de production à grande échelle. Les producteurs de vaccins estiment qu'il leur faudra environ 4 mois pour arriver à cette étape. Mais à cette heure l'OMS n'a toujours pas demandé aux laboratoires de commencer une telle production.

  • Faut-il croire les annonces rassurantes des pouvoirs publics en France ?

    Une chose est certaine, lors des crises passées comme celle de la vache folle ou du sang contaminé on n'avait jamais eu une telle transparence dans les informations données par les autorités de santé. Il faut savoir que depuis le début de cette crise, depuis donc dimanche, tous les jours à 15 heures une conférence de presse se tient au Ministère de la santé avec un point de la situation dans le monde et en France. Quand le gouvernement dit nous sommes prêts, cela ne veut pas dire que la France échappera à l'épidémie. Cela veut dire que grâce au plan national de prévention de lutte pandémie grippal, le gouvernement peut anticiper ce qu'il faut faire en fonction de l'évolution de la situation. Ce plan décrit aussi très précisément le rôle que chacun doit remplir que ce soit au niveau médical, économique, information ou vie quotidienne

  • Peut-on acheter des antiviraux en pharmacie pour se constituer un stock personnel ?

    D'abord il faut savoir que les deux antiviraux qui semblent efficace contre la grippe mexicaine, à savoir le tamiflu et le relenza sont délivrés sur ordonnance. Mais surtout ces achats dits de précaution n'ont aucun intérêt. Et surtout il ne faut absolument pas prendre de Tamiflu en se disant que ça vous protégera contre la grippe mexicaine. En effet ce n'est pas un vaccin préventif mais comme son nom l'indique un médicament qui empêche le virus de se multiplier. Une personne qui n'est pas malade n'aura donc aucun bénéfice à prendre un antiviral. Mais il y a pire, si beaucoup de personnes se mettaient à prendre un tel médicament on pourrait arriver à développer une résistance contre le virus et l'antiviral ne serait plus efficace. Enfin, la France ne risque pas d'être en rupture de stock, le gouvernement a constitué un stock capable de soigner 33 millions de personnes

  • Y-a-til un scénario préparé en cas de pandémie déclarée ? Transports, confinement au domicile, école, etc ?

    Oui c'est le plan national de prévention de lutte "pandémie grippal" dont la 4° édition remonte au 2O février dernier. Il liste très précisément tout ce qu'il convient de faire selon le niveau d'alerte. Par exemple depuis mardi nous sommes au niveau 4 A... Ce niveau liste une série de mesures qui sont préconisées et qui sont autant de propositions à examiner au cas par cas par la Cellule de crise comme le fait de déconseiller les voyages vers les pays concernés, l'activation de plate-forme téléphonique d'information. Ces mesures ont pour but d'assister les ressortissants français à l'étranger, de limiter les risques d'importation de la maladie, de détecter et signaler les cas sur le territoire national, de prendre en charge les cas possibles, les malades et de préparer le dispositif de réponse à une pandémie : en particulier de vérifier l'état des stoks de masques et d'antiviraux

  • Comment faut-il appeler cette grippe ?

    Les avis sont très partagés et le nom de cette grippe fait débat. Car derrière se mêlent des intérêts économiques, politiques et des considérations scientifiques. Pour l'organisation mondiale de la santé animale, il n'est pas justifié d'appeler cette maladie grippe porcine car, même si le virus de type A/H1N1 qui se répand actuellement dans le monde est parti d'un porc, aujourd'hui il n'affecte pas les animaux mais les hommes.
    _ Dans le passé plusieurs épidémies de grippe d'origine animale ont été nommées en fonction de leur origine géographique comme la grippe asiatique en 1958... D'où l'idée de l'appeler "grippe mexicaine" puisque le foyer épidémique d'origine vient de ce pays ou encore grippe "nord-américaine". L'Europe pencherait plutôt pour la dénomination "nouveau virus de la grippe H1N1" mais c'est un peu long et c'est très générique puisque de nouveaux virus apparaissent régulièrement. A France Info nous avons donc décidé de l'appeler "grippe mexicaine".

  • Pourquoi des chiffres différents d'un jour à l'autre selon les sources ?

    Les chiffres sont différents car ils proviennent de sources différentes. Au niveau mondial c'est l' Organisation mondiale de la Santé qui comptabilise les cas de grippe avérés et les morts après avoir vérifié l'information. Et puis chaque pays travaille de son côté.
    Prenons un exemple : le Mexique avait annoncé mardi que 159 décès étaient imputables à la grippe mexicaine. Aujourd'hui, il a revu son bilan à la baisse avec 8 morts confirmés en lien direct avec la grippe et 84 décès potentiellement liés à la grippe.
    Il y a aussi des questions de délai... Par exemple un pays peut annoncer un cas avéré de grippe mexicaine, information reprise par la presse, alors que l'OMS n'a pas été officiellement prévenue. Il faut dire que les chiffres évoluent très vite puisque des personnes se signalent en permanence auprès des services sanitaires de leur pays. Pour la France, les chiffres les plus proches de la réalité sont ceux qui sont annoncés chaque jour à 15 heures par l'Institut de veille sanitaire qui recense tous les cas nationaux.

    Page web : Matteu Maestracci

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