Cet article date de plus de six ans.

Vous pourriez vous passer de ces sept organes et continuer à vivre malgré tout

Vous pourriez perdre de gros morceaux d’organes vitaux et rester en vie malgré tout. Et vous passer complètement de certains autres.

Article rédigé par The Conversation - Adam Taylor, Lancaster University
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Une représentation d'un corps humain. (PIXOLOGICSTUDIO / SCIENCE PHOTO LI / SKE / AFP)

Le corps humain est incroyablement résistant. Lorsque vous donnez un demi-litre de sang, vous perdez environ 3,5 billions (millions de million) de globules rouges, mais votre organisme les remplace rapidement. Vous pouvez perdre de gros morceaux d’organes vitaux et rester en vie malgré tout. Par exemple, certaines personnes mènent une vie relativement normale avec seulement la moitié du cerveau. D’autres organes peuvent être intégralement retirés sans que leur ablation n’ait trop d’impact sur votre vie.

La rate

Cet organe est situé sur le côté gauche de l’abdomen, vers l’arrière, sous les côtes. Il est le plus souvent retiré à la suite de blessures : sa proximité des côtes le rend vulnérable aux traumatismes abdominaux. La rate est entourée d’une sorte de capsule aussi fine que du papier de soie, qui se déchire facilement. En cas de déchirure, le sang s’échappe de la rate endommagée. Non diagnostiquée et traitée, cette blessure entraîne une mort certaine.

Si vous regardez à l’intérieur d’une rate, vous observerez deux couleurs – du rouge foncé et des petites poches de blanc – qui correspondent à deux fonctions. La partie rouge gère le stockage et le recyclage des globules rouges, tandis que la blanche est liée au stockage des globules blancs et des plaquettes.

Vous pouvez vivre confortablement sans rate, car le foie intervient dans le recyclage des globules rouges et de leurs composants. De même, d’autres tissus lymphoïdes assurent la fonction immunitaire de la rate.

L’estomac

L’estomac remplit quatre fonctions principales : la digestion mécanique en se contractant pour broyer la nourriture, la digestion chimique en libérant de l’acide pour décomposer la nourriture, l’absorption et la sécrétion. L’estomac est parfois retiré à la suite d’un cancer ou d’un traumatisme. En 2012, une femme britannique a dû se le faire enlever après avoir ingéré dans un bar un cocktail contenant de l’azote liquide.

Lorsque les chirurgiens retirent l’estomac, ils attachent directement l’œsophage à l’intestin grêle. Une fois rétablis, les patients peuvent conserver une alimentation normale avec des suppléments de vitamines.

Les organes reproducteurs

Les organes reproducteurs primaires du mâle et de la femelle sont les testicules et les ovaires. Puisque ces organes sont jumelés – un mâle a deux testicules et une femelle a deux ovaires –, un homme ou une femme peut toujours avoir des enfants avec un seul testicule ou ovaire en état de fonctionnement.

Le retrait d’un ou des deux organe(s) reproducteur(s) primaire(s) survient généralement à cause d’un cancer, ou chez les hommes, d’un traumatisme provoqué le plus souvent par des sports violents et des accidents de la route. Chez les femmes, l’utérus peut également être retiré. Après une hystérectomie, les femmes ne peuvent plus avoir d’enfant et le cycle menstruel des femmes pré-ménopausées s’arrête.

La recherche suggère que l’espérance de vie des femmes à qui l’on a ôté les ovaires ne diminue pas. Fait intéressant, chez certaines populations masculines, l’ablation des deux testicules peut entraîner une augmentation de l’espérance de vie.

Le côlon

Le côlon (ou gros intestin) est un tube d’environ 1,8 mètre de long et comporte quatre segments : ascendant, transverse, descendant et sigmoïde. Ses fonctions principales consistent à réabsorber l’eau et à compacter les matières fécales. La présence d’un cancer ou d’autres maladies peut nécessiter l’ablation de tout ou partie du côlon.

La plupart des patients se remettent bien de cette opération, malgré un changement dans leur transit intestinal. Un régime d’aliments mous est recommandé dans un premier temps pour faciliter le processus de guérison.

La vésicule biliaire

La bile, produite en permanence par le foie, contribue à la décomposition des graisses. Lorsqu’elle n’est pas nécessaire à la digestion, elle est stockée dans la vésicule biliaire. Cet organe se trouve sous le foie, sur le côté supérieur droit de l’abdomen, juste sous les côtes.

Calculs biliaires. Martin Charles Hatch/Shutterstock

Lorsque les intestins détectent des graisses, une hormone est libérée. Cela provoque la contraction de la vésicule biliaire, qui conduit la bile dans les intestins pour favoriser la dégradation des graisses. Mais l’excès de cholestérol dans la bile peut former des calculs biliaires, susceptibles de bloquer les minuscules tuyaux conducteurs de bile. Lorsque cela arrive, il faut parfois retirer la vésicule biliaire par une cholécystectomie. Chaque année, environ 70 000 personnes au Royaume-Uni subissent cette intervention.

Si beaucoup de gens ont des calculs biliaires qui ne causent aucun symptôme, certains ne sont pas aussi chanceux. En 2015, une femme indienne a dû se faire retirer 12 000 calculs biliaires – un record mondial.

L’appendice

L’appendice est un petit organe en forme de ver situé à la jonction du gros intestin et de l’intestin grêle. Longtemps considéré comme vestigial – c’est-à-dire dont la fonction initiale a été perdue au cours de l’évolution –, il est maintenant vu comme un "refuge" où les bonnes bactéries de l’intestin peuvent se repeupler en cas de besoin.

En raison de la forme de l’appendice – ouvert d’un seul côté et fermé de l’autre, tel un cul-de-sac –, lorsque des contenus intestinaux y pénètrent, il peut être compliqué pour eux d’en ressortir. Cela provoque une inflammation de l’appendice : c’est l’appendicite. Dans les cas graves, l’organe doit être ôté au cours d’une appendicectomie. Les personnes dont l’appendice a été retiré ne remarquent aucune différence dans leur vie.

Cependant, l’appendicectomie n’immunise pas forcément le patient contre une nouvelle appendicite. Il arrive parfois que le moignon de l’appendice n’ait pas complètement disparu lors de l’opération et qu’il s’enflamme de nouveau, provoquant une "appendicite sur moignon appendiculaire".

Les reins

La plupart des gens ont deux reins, mais vous pouvez survivre avec un seul et même sans. Le rôle de ces organes est de filtrer le sang pour maintenir l’équilibre hydrique et électrolytique, ainsi que l’équilibre acido-basique. Un rein agit comme un tamis en appliquant une série de processus qui permettent de garder les éléments utiles tels que les protéines, les cellules et les nutriments dont le corps a besoin. Plus important encore : il se débarrasse de beaucoup de choses inutiles en les laissant passer à travers le tamis et sortir sous forme d’urine.

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles on doit se faire enlever un rein – ou les deux : une maladie héréditaire, des dommages causés par les drogues et l’alcool, voire même une infection. Si les deux reins sont défaillants, le patient est placé sous dialyse afin d’évacuer les déchets hors de son corps. Il y en a deux types : l’hémodialyse et la dialyse péritonéale. Dans le premier cas, une machine contenant une solution de dextrose nettoie le sang. Dans le second, un cathéter est inséré dans l’abdomen, permettant de contrôler manuellement entrées et sorties de la solution de dextrose dans le corps.

L’espérance de vie d’une personne sous dialyse dépend de nombreux facteurs : le type de dialyse qu’elle suit, son sexe, son âge, les éventuelles autres maladies dont elle souffre. Des recherches récentes ont montré qu’un patient placé sous dialyse à l’âge de 20 ans peut vivre pendant 16-18 ans, alors qu’un sexagénaire peut ne vivre que 5 ans.


The ConversationTraduit de l’anglais par Diane Frances.

Adam Taylor, Director of the Clinical Anatomy Learning Centre and Senior Lecturer, Lancaster University

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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