Vaccination obligatoire : "Je crains le pire si ces ligues anti-vaccinales continuent à se mobiliser", s'inquiète une pédiatre du Haut Conseil de santé publique
Face à la défiance, Véronique Dufour, pédiatre du Haut Conseil de la santé publique, défend l'augmentation du nombre de vaccins obligatoires voulue par le gouvernement.
Alors que le gouvernement prévoyait d'augmenter le nombre de vaccins obligatoires pour la petite enfance en 2018, une action de groupe contre quatre laboratoires pharmaceutiques doit être lancée en septembre par une centaine de familles convaincues de l'existence d'un lien entre vaccination et autisme. Véronique Dufour, pédiatre, membre du groupe de travail sur la vaccination au Haut Conseil de la santé publique, a exprimé, lundi 24 juillet sur franceinfo, son inquiétude vis-à-vis des anti-vaccins.
franceinfo : Les craintes des anti-vaccins sont-elles fondées ?
Véronique Dufour : Les vaccins sont faits pour éviter des maladies. Ils ne donnent pas des handicaps ou des maladies. Cela a évité des épidémies et des morts. On voit bien, avec la baisse du vaccin contre la rougeole, la recrudescence de cette maladie dans toute l'Europe, qui touche les personnes les plus vulnérables. Je crains le pire si ces ligues anti-vaccinales continuent à se mobiliser.
Comment expliquez-vous ces suspicions ?
Le rapport entre autisme et vaccin anti-rougeole n'a jamais été prouvé. Monsieur [Andrew] Wakefield qui a été, à un moment donné, à l'origine de ce faux rapport a été condamné pour fraude scientifique et exclu du conseil de l'Ordre des médecins d'Angleterre. Il n'y a actuellement aucune étude qui prouve ce rapport. Par contre, pour avoir assisté à des débats, des parents cherchent à tout prix une cause à l'autisme et ils se retournent vers quelque chose ou quelqu'un pour expliquer la maladie. C'est humain.
Est-ce qu'imposer des vaccins, comme veut le faire le gouvernement, est la meilleure solution pour les faire accepter ?
Il y a eu une concertation citoyenne qui en a déduit que c'était la meilleure solution afin que la couverture vaccinale remonte. La rougeole, par exemple, est une maladie qui se répand très vite. Pour redonner confiance aux parents, il faudrait mettre en avant le site officiel fait par le ministère où l'on trouve des réponses à toutes les questions. Il faut que les médias reprennent les messages politiques de la vaccination et pas seulement les messages négatifs. Il faut y avoir une explication sur pourquoi le vaccin est utile. Si l'on veut que les maladies soient éradiquées, il faut continuer à vacciner. La vaccination est une affaire d'action collective, on protège ceux qui ne peuvent pas être vaccinés pour de vraies raisons médicales.
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