Un opticien sur cinq fraude les mutuelles et la Sécu
L’UFC-Que choisir s’est penchée sur les prix sur les opticiens. Dans une enquête publiée ce mardi, l’association de consommateurs affirme que sur 1.000 points de vente testés, un sur cinq "optimise les factures de ses clients pour diminuer leur reste à charge ". Le nombre monte jusqu’à 29,5% chez les indépendants.
Comment ? Dans son enquête, l’UFC-Que choisir montre que l’opticien "ajuste l’achat de leurs clients en fonction du remboursement maximal prévu par leur complémentaire ". Par exemple, si un opticien fixe le prix moyen des verres à 60 euros, il vous demande souvent combien rembourse votre mutuelle avant donner le prix. Si vous répondez 100 euros, il vous facturera les verres à 100%, puisque c’est la mutuelle qui paye. Le consommateur est-il gagnant ? Non selon l’UFC. Lorsqu’un client croit par exemple qu’il a une 2e paire de lunette "gratuite ", son coût est en fait "reporté dans le prix de l’équipement initial remboursé ".
70 % de marge sur les verres
Ces fraudes sont, selon les opticiens "devenues marginales " car ils sont de plus en plus contrôlés par les mutuelles et certaines enseignes qui se disent victimes de concurrence déloyale. N’empêche que, contrôlés ou pas, selon l’enquête de l’UFC, "les marges brutes des opticiens représentent en moyenne 70% du prix de vente hors taxes ". D’après les calculs de l’association, "deux ou trois paires vendues par jour suffisent à rentabiliser une boutique ".
Le gouvernement a tenté de réguler ce marché et la dernière mouture de son décret concernant les prix des verres prévoit un remboursement maximal de 450 euros pour les verres simples et 700 euros pour les verres complexes à partir du 1e janvier 2015, mais les plafonnements sont encore à définir. Le nombre d’opticiens en France a augmenté de 47% depuis 2000. Ils sont aujourd’hui 12.000. Le budget "lunettes des Français est le plus haut d’Europe. "On comprend pourquoi ", note l’UFC-Que choisir.
Des chiffres contestés
Joint par France Info, la déléguée générale du syndicat d’opticiens Synope a contesté ces chiffres. "Comme dans toutes professions, il y a sans doute des pratiques contestables contre lesquelles nous luttons à notre faible mesure ", déclare Alexandra Duvauchelle. "Néanmoins ", ajoute-t-elle, "mettre en exergue une minorité et apporter des solutions erronées et qui n’apportent rien pour le consommateur me semble dangereux ".
Elle explique par exemple que deux de ses adhérents "ont mis en place des comités déontologiques qui visent à éradiquer ce type de pratique ". Pour Alexandra Duvauchelle, "la profession s’est organisée face à la démission des pouvoirs publics ".
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