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Un marqueur biologique unique a été découvert chez plusieurs malades atteints de cancers différents

Une avancée jugée très prometteuse qui ouvre sans doute la porte à une détection plus facile des cancers et à la mise au point un jour d'un traitement universel. Mais l'équipe du Centre Mondor, à l'origine de la découverte, reste prudente et souhaite élargir le champ des recherches
Article rédigé par France2.fr avec AFP
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Centre hospitalier Henri-Mondor de Créteil (AFP - Bertrand Guay)

Une avancée jugée très prometteuse qui ouvre sans doute la porte à une détection plus facile des cancers et à la mise au point un jour d'un traitement universel. Mais l'équipe du Centre Mondor, à l'origine de la découverte, reste prudente et souhaite élargir le champ des recherches

C'est un premier pas dans la lutte contre le cancer qu'a réalisé l'équipe du Centre Mondor de recherche biomédicale de Créteil, dont les travaux ont été publiés jeudi dans le New England Journal of Medicine. En étudiant les biopsies de 1336 de patients atteints de 11 types de cancer, l'équipe a découvert la présence d'un marqueur biologique commun, la FSH (Hormone folliculo stimulante). Un marqueur biologique qualifié de "très prometteur" qui laisse imaginer la possibilité d'une détection du cancer plus facile et d'une mise au point un jour d'un médicament universel.

Les marqueurs tumoraux -hormones, protéines, enzymes...- peuvent signer la présence de cancer, comme le PSA pour le cancer de la prostate ou la HCG pour le cancer des testicules. La molécule qui a été étudiée, la FSH, est synthétisée dans l'hypophyse. On la retrouve dans les organes reproducteurs humains, les ovaires et les testicules. Chez la femme elle stimule notamment la production d'oestrogènes, et chez l'homme celle de spermatozoïdes.

La FSHprésente dans 11 types de cancer différents

Au départ, l'équipe du Centre Mondor a voulu confirmer l'hypothèse que le récepteur de la FSH puisse apparaître dans les tumeurs du cancer de la prostate. Une fois cette hypothèse confirmée, "j'ai voulu vérifier qu'il n'apparaissait pas dans d'autres cancers, comme le sein, le poumon", explique Nicolae Ghinea, docteur en biologie et directeur de recherches à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Et là, "surprise totale, il y avait le même marqueur !".

Son équipe -pour la moitié des anatomo-pathologistes- a alors étudié des biopsies de 1.336 patients atteints de onze types de cancers : prostate d'abord, puis sein, colon, pancréas, vessie, rein, poumon, foie, estomac, testicules, ovaires. Faute de moyens il a fallu s'arrêter là, selon le Dr Ghinea, mais la liste devrait s'élargir, même si les cancers cités représentent "70% des cas de cancer et 90% des cas de décès".

En regardant les biopsies au microscope électronique (qui multiplie jusqu'à 600.000 fois) après injection d'or (qui a permis de voir les particules), les chercheurs ont en effet constaté "une très forte expression" (présence) du récepteur de la FSH dans "toutes" les tumeurs, quel que soit le type de tumeur et leur stade d'avancement.

"C'est maintenant que tout commence"

Chose particulière, le marqueur n'était pas au centre de la tumeur mais à la périphérie. Les récepteurs -qui reconnaissent la FSH et lui permettent de se fixer- se trouvaient en effet dans les vaisseaux sanguins à la périphérie de la tumeur, exactement sur la surface des cellules endothéliales qui tapissent l'intérieur de la paroi. Donc à proximité immédiate du flux sanguin. Ce qui, notent les chercheurs, en fait "une cible facile pour les agents de diagnostic et de thérapie injectés dans le sang". A contrario, les récepteurs étaient totalement absents des tissus non malades de l'organisme, y compris des tissus sains de l'organe porteur de la tumeur.

On est cependant encore loin du compte, comme le reconnaît le Dr Ghinea, qui travaille sur le sujet depuis près de dix ans. Il faudrait en effet élargir la recherche à d'autres types de cancer, confirmer la détection du récepteur avec d'autres procédures telles qu'imagerie par résonance magnétique, tomographie par émission de positons ou imagerie par ultrasons, conduire des études précliniques (sur l'animal) pour le perfectionnement des procédures et des éventuels agents thérapeutiques, etc.

"C'est maintenant que tout commence", dit le Dr Ghinea. En attendant l'élargissement des recherches, qui devraient durer des années, "on peut imaginer un traitement universel pour un marqueur universel", à tout le moins pour "commencer le traitement". L'Inserm a déjà déposé une demande de brevet sur la méthode d'imagerie.

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