Date de péremption, risques pour la santé... Trois questions sur les médicaments périmés

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Huit médicaments périmés sur dix gardent 90% d'efficacité, selon une étude de l'UFC-Que Choisir qui a annoné saisir l'ANSM. (SEBASTIEN BOZON / AFP)
Une étude d'UFC-Que Choisir tend à démontrer que la majorité des médicaments périmés restent efficaces à 90%, des questions se posent toutefois sur l'usage de nos médicaments, à commencer par savoir ce que l'on risque à ingérer des médicaments périmés. Franceinfo fait le point.

Huit médicaments périmés sur dix gardent 90% d'efficacité, d'après une étude de l'UFC-Que Choisir, publiée jeudi 19 septembre. L'association a fait analyser vingt comprimés, gélules ou sachets de paracétamol et dix d'ibuprofène, dont la date de péremption était dépassée.

L'association de consommateurs dénonce "une véritable gabegie environnementale, économique et sanitaire" et a annoncé saisir l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pour lui demander de mettre en œuvre un ensemble de mesures pour limiter le gaspillage de médicaments.

1Comment est fixée la date limite d'utilisation d'un médicament ?

Ce sont les industriels, les fabricants de médicaments qui fixent eux-mêmes cette date de péremption. Avant d'obtenir le droit de mettre son produit sur le marché, un laboratoire doit évaluer le délai à partir duquel le principe actif se dégrade. Quand le médicament est lancé, ce délai peut-être de quelques mois seulement. Puis, de nouveaux tests de stabilité sont réalisés et la date de péremption est éventuellement allongée.

Aujourd'hui, la plupart des médicaments sont consommables plusieurs années après leur fabrication. Par ailleurs, dans les périodes où il y a des pénuries de médicaments, les autorités sanitaires (françaises ou européennes), peuvent demander aux fabricants de réaliser de nouveaux tests pour allonger le délai de péremption afin de renforcer les stocks.

2Quels sont les risques à consommer des médicaments périmés ?

Cela dépend du type de médicament. Selon un pharmacologue contacté par franceinfo, trois types de cas se présentent. Certains médicaments restent efficaces et sans danger au-delà de leur date de péremption, un peu comme les yaourts. Le fabricant a fixé cette limite parce qu'il n'a pas réalisé de test à plus long terme. Ces médicaments "sans danger" sont en général plutôt des comprimés et gélules non pas des sprays et liquides Une deuxième catégorie de médicaments perdent leur efficacité et cela peut être très dangereux.

Dans le cas d'une piqûre de guêpe par exemple, si vous êtes allergique vous devez prendre de l'adrénaline. Si elle est périmée, il existe un risque vital. Enfin la troisième catégorie regroupe des médicaments qui, une fois périmés, deviennent toxiques. Le dernier cas recensé était un antibiotique appelé tétracycline et a finalement été retiré du marché.

3Que faire de ses médicaments périmés non-utilisés ?

Il faut les rapporter en pharmacie, sans leurs boîtes. Les emballages, eux, sont à jeter dans les bacs jaunes. Les comprimés, gélules et autres solutions ne sont ni recyclés, ni réutilisés mais incinérés. "L'incinération des médicaments donne lieu à une production de chaleur. Ce sont ainsi 2 500 foyers qui sont alimentés en énergie chaque année. L'équivalent de la population d'une ville comme Honfleur", détaille Laurent Wilmouth, directeur Général de Cyclamed.

Jusqu'en 2009, l'association Cyclamed redistribuait 5% de nos médicaments à des organisations humanitaires en France, mais depuis 15 ans, une loi européenne interdit la réutilisation. La raison principale tient aux conditions de conservation qui n'étaient pas garanties dans nos salles de bain.

Enfin, il ne faut pas penser pour autant qu'il est inutile de rapporter vos médicaments : s'ils sont incinérés, c'est pour éviter qu'ils se retrouvent dans la nature et engendrent ainsi un risque pour notre santé et pour l'environnement.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.