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Un neurochirurgien italien veut transplanter une tête humaine

Cette opération consiste à greffer une tête sur le corps d'un donneur en état de mort cérébrale.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le Russe Valery Spiridonov est le premier candidat à une greffe de tête. (KIRILL KALLINIKOV / RIA NOVOSTI / AFP)

Il veut greffer une tête humaine sur le corps d'un donneur. Le neurochirurgien italien Sergio Canavero a présenté son incroyable projet, vendredi 12 juin devant la conférence de l'American Academy of Neurological and Orthopaedic Surgeons (AANOS), dont il était l'invité. Une perspective qui suscite le scepticisme au sein de la communauté médicale. En annonçant ce projet fin 2013, il estimait qu'une telle intervention pourrait être possible dans les deux ans, soit en 2016.

Directeur du Groupe de neuromodulation avancée de Turin, Sergio Canavero a longuement décrit vendredi comment il comptait souder la moelle épinière, point crucial d'une telle chirurgie, citant aussi des avancées dans la recherche, surtout animale, depuis les trente dernières années. Selon lui, le secret est de fabriquer une lame extrêmement fine permettant de trancher les fibres nerveuses sans les émousser. Ensuite il compte utiliser du polyéthylène glycol, une substance chimique courante, et un courant électrique pour accélérer leur rattachement.

Un premier volontaire pour la greffe

Mais il a à peine survolé les autres problèmes majeurs comme entre autres le rétablissement rapide de la circulation sanguine dans le cerveau et les branchements du système nerveux parasympathique, une composante clé des fonctions automatiques de l'organisme. Sans parler des problèmes éthiques soulevés par une telle intervention.

Parmi les 150 participants à cette conférence, à Annapolis dans le Maryland, se trouvait le premier volontaire pour cette greffe, un Russe de 30 ans, Valery Spiridonov, atteint de la maladie de Wernig-Hoffman qui se caractérise par une atrophie progressive incurable des muscles. C'était la première rencontre entre les deux hommes. L'opération consisterait à greffer sa tête sur le corps d'un patient en état de mort cérébrale. Ce qui fait dire à certains qu'il s'agirait d'une "greffe de corps" plutôt que d'une "greffe de tête".

Le chirurgien en appelle à Bill Gates

A la fin de sa présentation, Sergio Canavero a pressé ses confrères américains de l'aider dans ce projet, reconnaissant ne pas vraiment savoir comment exécuter toute la greffe. "J'ai fait ma contribution avec la moelle épinière, la principale chose, et maintenant je vous demande votre aide", a-t-il lancé. Il a même suggéré que "des milliardaires comme Bill Gates pourraient donner de l'argent pour ce projet ambitieux".

Mais au sein de la communauté médicale, les avis sont sceptiques. "C'est farfelu. Je ne dis pas que ça ne sera jamais possible, mais pas dans deux ans !", réagit le professeur Claude Ecoffey, président de la Société française d'anesthésie et de réanimation, interrogé par Le Figaro. Le professeur Laurent Lantieri, pionnier de la greffe de face, estime que son confrère italien "nous parle là de magie, pas de chirurgie !"

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