Sur le thème "drogues illicites et risques professionnels", les Assises nationales ont dressé un bilan le 26 juin
Il en ressort que l'usage de drogues illicites se développe dans l'entreprise - comme d'ailleurs dans la société - et qu'aucune catégorie socio-professionnelle n'est épargnée.
Cependant, l'alcool et les médicaments restent les principaux produits susceptibles d'altérer la vigilance des salariés, selon Paul Frimat, professeur de médecine du travail.
Il s'agit évidemment d'un phénomène difficile à appréhender et le dépistage, jusqu'à lors peu répandu, pose des problèmes de respect de la vie privée. En 2006, une enquête révélait que 23% des médecins du travail avaient constaté une augmentation de la consommation de drogue au travail.
Colette Ménard, de l' Institut de prévention et d'éducation pour la santé, précise que le cannabis est la drogue illicite la plus consommée chez les actifs. D'après une enquête de 2005, 30% l'ont expérimentée et 7% en avaient consommé dans l'année. Les autres drogues les plus consommées, mais à degré moindre, sont les poppers, l'ecstasy et la cocaïne.
"Toutes les catégories socioprofessionnelles sont concernées", mais certains métiers le sont davantage, comme les transports routiers, les professions médicales, l'hôtellerie-restauration, ou la construction, selon Mme Ménard.
Plus que la consommation, c'est l'addiction qui inquiète: "550.000 personnes ne peuvent commencer leur travail sans fumer un joint", affirme Didier Brassart, de la Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence et de la Consommation, du Travail et de l'Emploi des Pays de la Loire.
Selon la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, près de 15% à 20% des accidents professionnels, de l'absentéisme et des conflits au travail sont liés à l'usage d'alcool, médicaments ou de stupéfiants.
En cause de conduites addictives, stress et contraintes professionnelles
"Certains prennent de la cocaïne pour améliorer leur vigilance et répondre à la sollicitation de l'entreprise, d'autres du cannabis pour faire baisser la pression", remarque Pierre-Yves Montéleon de la CFTC.
Les études montrent que la consommation de produit altérant la vigilance est la plus importante sur les postes dit "de sûreté et de sécurité", comme chauffeur de poids-lourd, pilote d'avion, conducteurs de train. Dans le rail ou l'aérien, des dépistages sont obligatoires pour ces postes. La SNCF mène chaque année 200.000 tests urinaires avec un résultat positif de 0,8% (surtout au cannabis), explique le chef du département prévention et santé au travail. La date du test étant connue, les salariés peuvent modifier leur usage en conséquence. "Ceux qui nous intéresse ce sont ceux qui ne maîtrisent plus leur consommation" et qu'il faut alors déplacer sur des postes moins risqués, explique encore François Wallach. Mais ce dépistage a un coût (20 millions d'euros par an pour la SNCF) difficile à assumer pour les petites entreprises.
L'employeur, qui a une obligation de sécurité vis-à-vis du salarié, a d'autant plus de mal que ces tests urinaires ou salivaires, constatent une consommation, pas une addiction. "Ils posent aussi le problème du respect de la vie privée - si le salarié se drogue hors de l'entreprise -, et du secret médical", note Etienne Appaire, président de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie.
Selon une étude, 69% des Directions des Ressources humaines sont favorables aux tests, mais pour Paul Frimat, seuls les médecins du travail doivent les réaliser.
A noter: ce sont les chômeurs et les précaires qui consomment le plus de produits illicites, d'alcool et de médicaments.
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