Cet article date de plus de quatre ans.

"Ici, il n'y a pas de jugement, on va se tirer vers le haut" : une rentrée particulière à l'internat pour des adolescents en surpoids

Une cinquantaine de jeunes ont fait leur rentrée scolaire dans un centre pédiatrique spécialisé dans le traitement de l'obésité, en Lozère. Une année placée sous le signe de l’espoir et du retour au sport.

Article rédigé par franceinfo - Fanny Lechevestrier, édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Emy, Maeva et Antonin au centre pédiatrique d'Antrenas, en Lozère, en septembre 2019. (FANNY LECHEVESTRIER / RADIO FRANCE)

"Ce que j’attends, c’est d’aller mieux, de maigrir surtout, c'est cela que je veux, redevenir un peu normal", raconte Antonin, 16 ans. L'adolescent discute sans tabou de ses kilos en trop avec Maeva, 16 ans et Emy, 14 ans. Tous les trois ont choisi de vivre loin de leur famille pour une année scolaire à l'internat, au centre pédiatrique d'Antrenas (Lozère), parmi une cinquantaine d'autres jeunes, âgés de 8 à 18 ans. Des structures comme celle-ci se développent un peu partout en France, alors que près de 20% des adolescents français sont en surpoids. Parmi eux, plus de 5% souffrent d’obésité.

Le centre pédiatrique d'Antrenas situé sur les pentes méridionales du Massif central, en Lozère, en septembre 2019. (FANNY LECHEVESTRIER / RADIO FRANCE)

Leur séjours sont pris en charge par l'assurance maladie et les mutuelles. Le cadre est idyllique, au milieu de la verdure, mais il n'est jamais facile de quitter sa famille. Mais tous veulent changer pour, disent-ils, pouvoir faire ce que font les autres : "On se sent mis à l'écart", explique ainsi Maeva qui, enfant, a subi de nombreuses moqueries. "Quand tu vois les autres et nous comment on est, ce n'est pas du tout la même chose." Antonin, lui, veut pouvoir "monter les escaliers sans souci".

On ne peut pas faire tout ce que font les autres et c'est pour cela qu'on vient ici, pour régler cela.

Antonin

à franceinfo

Ils n'ont pas hésité à quitter Paris pour Maeva ou Lyon pour Antonin, et à repartir sur de nouvelles bases. Durant un an, encadrés et aidés par des éducateurs, une diététicienne, une psychologue et des médecins, ils vont réapprendre à manger, à respecter un cadre et des règles de vie, mais aussi à faire du sport.

Reprendre le goût du sport

Beaucoup avaient cessé toute activité physique, explique l’un des médecins du centre, Xavier Lacombes : "Ces enfants, quand ils sont obèses, sont rejetés du sport à l'école. On ne va pas faire du sport avec lui parce qu'il est moins bon, parce qu'il est obèse. Le regard des autres fait qu'ils n'ont pas envie de faire du sport."

Ici, les enfants ont tous le même problème donc il n'y a pas de jalousie ou de différence, ils sont tous en surpoids.

Xavier Lacombes, médecin

à franceinfo

À Antrenas, le sport est obligatoire trois fois par semaine, trois fois 45 minutes. En cette période de rentrée, on commence doucement par du cardio à la salle. "Au bout d'un moment, cela commence à devenir plus intense, mais cela fait vachement de bien pour le corps et même pour le cerveau. Cela fait un bien fou au moral", confie Emy, tout en courant sur un tapis.

À ses côtés, Marion Borel et Aurélie Baffie, les enseignantes d'activité physique adaptée, sont là pour encadrer les adolescents : "Au premier trimestre de la prise en charge, on fait des sports qui sont plus adaptés pour eux. On fait du cardio, on va travailler sur les articulations. Puis, petit à petit, on intègrera des sports collectifs. Le plus dur est qu'ils reprennent le goût de faire du sport et qu'ils le gardent une fois sortis du centre, quand ils rentreront chez eux." Petit à petit, Aurélie voit le regard de ces adolescents changer.

On voit cette fierté qu'ils ont de faire une activité physique et qu'ils se disent 'en fait, on est comme tout le monde'.

Aurélie Baffie, enseignante d'activité physique

à franceinfo

Dans ce centre spécialisé, le sport devient alors un outil pour perdre du poids mais aussi reprendre confiance en soi. "Il y a plein de fois où je ne me suis pas aimée, explique ainsi Emy, c'est vraiment horrible ces moments-là où tu ne t'aimes pas, tu n'as pas envie que les gens te voient, tu veux rester toute seule. Mais aujourd'hui cela va beaucoup mieux." Et Maeva de conclure : "Ici, il n'y a pas de jugement, on est tous là ensemble, on se soutient. En fait, on va se faire aller vers le haut au lieu de se tirer vers le bas. C'est cela qui est bien ici."

Le reportage de Fanny Lechevestrier

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.