Séismes : un exercice grandeur nature d'intervention internationale en Algérie
Le séisme destructeur est imaginaire, et les victimes fictives. Dans le scénario imaginé, apocalyptique, un séisme de magnitude 7 a frappé l'Algérie, un barrage menace de rompre, un pont s'est effondré et un camion transportant des matières dangereuses s'est renversé.
Face à l'ampleur des dégâts, cinq pays européens (Espagne, France, Italie, Pologne, Portugal) et le voisin tunisien ont envoyé des unités spécialisées pour prêter main forte à la sécurité civile algérienne. Plus de 1.000 secouristes sont à pied d'oeuvre.
À Bouira, à une centaine de kilomètres au sud d'Alger, du 14 au 18 avril, tous ont dû travailler ensemble dans des conditions – presque – réelles : sous la pluie ou en plein soleil, dans la boue et la poussière. Professionnels aguerris, ils sont préparés aux dures conditions des catastrophes, moins aux difficultés d'adaptation à des équipes aux méthodes et aux langues diverses.
S'entraîner à coopérer
"L'exercice a pour objectif l'interopérabilité", c'est-à-dire faire en sorte que tous les sauveteurs travaillent en "totale coopération", "sans gêner les autres", explique à un journaliste de l'Agence France Presse le colonel Farouk Achour, de la Protection civile algérienne.
Il s'agit notamment d'apprendre à contourner le problème de la langue. Sur le site, des spécialistes italiens des structures doivent, par exemple, avertir des sauveteurs français des dangers d'un bâtiment dans lequel ils s'apprêtent à entrer, dans un anglais que ni les uns ni les autres ne semblent maîtriser parfaitement.
Les manœuvres permettent "de travailler nos procédures dans un contexte international", explique le commandant Philippe de Balanda, chef du détachement médical français. "Si on n'a pas de procédures communes, au-delà de la barrière de la langue, ça devient vite compliqué."
Pour le colonel Achour, ce type d'exercice permet aussi "de connaître les compétences des uns et des autres". "Dans certains cas, on a parfois besoin de savoir-faire précis. Il est important de savoir ce qui est disponible pour faire appel à ces équipes spécialisées", explique le militaire algérien.
Faire gagner en efficacité les initiatives de solidarité internationale
Avec des vérins métalliques et des étais de bois, des hommes s'affairent à consolider un bâtiment ébranlé, à l'intérieur duquel une victime a été repérée. Au-dessus d'eux, des spécialistes du Groupe d'intervention, de protection et de secours (GIPS) de la Garde nationale républicaine portugaise (un corps comparable à la gendarmerie française) en combinaisons de protection et masques respiratoires, vérifient le contenu de bidons abandonnés dans une zone où doivent intervenir les sauveteurs tunisiens.
Les appareils ont détecté un produit "vésicant" (hautement irritant) qui s'avérera après rapide analyse être du trichloréthylène. Pendant que les hommes passent sous la douche de décontamination après avoir installé un périmètre de sécurité, un officier portugais francophone prévient un officier tunisien du danger. "La communication n'est pas parfaite, le passage d'information est parfois difficile", admet le sergent Sergio André, chef de l'équipe portugaise.
L'équipe qui gère le poste médical avancé où arrivent les victimes est aussi portugaise. Les blessés légers sont soignés sur place, les cas les plus graves envoyés vers l'hôpital de campagne... français. Cet hôpital est une structure projetable, dotée notamment de services de biologie et de blocs opératoires, et autosuffisante pendant 15 jours. Ainsi, "on ne vient pas comme un poids aux structures locales", commente le commandant Philippe de Balanda.
la rédaction d'Allodocteurs.fr, avec AFP
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