Les huîtres servent de réservoir au virus de la gastro-entérite
Non seulement les huîtres peuvent parfois nous transmettre le norovirus - principal responsable des intoxications alimentaires et des gastros hivernales des adultes - mais elles pourraient aussi servir de réservoir au pathogène. Près de 80% des norovirus humains se retrouveraient à l'intérieur des huîtres selon une étude publiée le 28 août 2015, dans la revue American society of microbiology.
Des chercheurs de l'Université de Shanghai se sont intéressés à la diversité génétique ainsi qu'à la répartition des norovirus (appelés autrefois virus de Newcastle) sur la surface planétaire et au fil du temps. Pour cela ils ont réuni plus de 1.077 profils génétiques de norovirus liés aux huîtres, enregistrés entre 1983 et 2014 par les banques génétiques National Center for Biotechnology et Noronet lors de contrôles de qualité. Parmi eux, 655 étaient exploitables.
Au terme de l'analyse, les chercheurs se sont tout d'abord aperçus que la grande majorité des norovirus étaient originaires des régions côtières. Mais, ce qu'ils ont surtout constaté, c'est que plus 80% des norovirus qui infectent les hommes se retrouvaient dans les huîtres ou lors des grandes épidémies liées aux huîtres.
Pour les chercheurs, ce résultat n'a rien d'étonnant : les huîtres sont cultivées principalement dans les eaux côtières, polluées par les déchets humains et les eaux usées, qui véhiculent le virus. Or, de précédentes recherches ont montré que les norovirus étaient capables de survivre plusieurs semaines dans la chair des huîtres rappelle Yongjie Wang, l'un des auteurs de l'étude dans un communiqué. Pire : les traitements industriels ne suffiraient pas à détruire les pathogènes.
"Ces résultats soulignent le rôle important des huîtres dans la persistance des norovirus dans l'environnement et dans leur transmission aux humains" explique ainsi le Professeur Wang. "Cela démontre la nécessité d'une surveillance des norovirus humains dans les échantillons d'huîtres", ajoute-t-il.
Seule solution pour limiter les risques d'intoxication alimentaire : les huîtres et les fruits de mer devraient être consommés entièrement cuits et jamais crus, conseille l'auteur. Selon lui, un système de détection fiable des norovirus, ainsi qu'un réseau de surveillance mondiale, devraient être mis au point.
Cependant, en France, nous sommes plutôt bien lotis : une étude, menée en 2013, sur les huîtres produites en métropole par des chercheurs de l'Ifremer de Nantes, montre que seulement 9% d'entres-elles sont contaminées par le norovirus. De plus, ce niveau de contamination est plus bas dans les huîtres provenant directement des producteurs que dans celles vendues en grande surface.
Etude de référence : "Molecular epidemiology of oyster-related human noroviruses: Global genetic diversity and temporal-geographical distribution from 1983 to 2014", American society of microbiology, online 28 August 2015, doi: 10.1128/AEM.01729-15
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