La pubalgie, terreur des footballeurs de haut niveau
Wellington Silva aurait pu devenir un joueur majeur de Bordeaux. Mais alors qu’il s’apprêtait à signer son contrat mardi 25 juillet, les Girondins, surnom du club, ont préféré faire machine arrière. La faute à une inflammation du pubis découverte lors de la visite médicale préalable à la signature du contrat. Le cas n’est pas rare chez les footballeurs, qui redoutent de contracter une pubalgie, un mal qui peut les éloigner de la compétition pendant plusieurs mois et resurgir rapidement s’ils ne prennent pas garde.
Quelle partie du corps est touchée par la pubalgie ?
Elle touche la zone autour du pubis, qui se trouve au carrefour de nombre de muscles et d’organes internes. Cette partie osseuse est une articulation, qui ne bouge normalement que très peu, à laquelle se rattachent les muscles adducteurs (cuisse), les muscles abdominaux profonds et superficiels comme les grands droits, les obliques internes et externes, et également les ligaments qui permettent de maintenir certains organes intestinaux à l’intérieur de l’abdomen.
Ces muscles permettent de courir, d’effectuer des déplacements latéraux, de frapper dans un ballon, mais également de rester droit. "Des muscles posturaux de maintien comme le psoas convergent aussi vers le pubis", détaille le Dr Linh Vu Ngoc, médecin du sport. La pubalgie regroupe donc toutes les pathologies ayant trait à ces muscles, mais aussi celles touchant la région inguinale (aine), comme les hernies fémorales ou inguinales.
Pourquoi est-elle aussi courante chez les footballeurs ?
"La pubalgie résulte d’un déséquilibre entre les muscles adducteurs de la cuisse et les muscles abdominaux, superficiels et profonds", résume le Dr Linh Vu Ngoc. Ce déséquilibre va avoir un impact sur cette articulation, qui ne bouge quasiment pas en temps normal. Chez la femme enceinte, cela peut être causé l’agrandissement du bassin. Hormis ce cas particulier, la pubalgie ne touche que très peu les "sédentaires", selon le Dr Vu Ngoc, puisqu’ils n’ont "pas de raison d’être déséquilibrés".
Elle survient généralement chez les sportifs, au niveau de la zone pariéto-abdominale ou des adducteurs. Elle résulte alors de la répétition de micro-traumatismes liés à la frappe du ballon et aux courses. Des rugbymen peuvent aussi en souffrir à causes des renvois au pied, combinés aux courses et aux contacts. L’ailier du Stade Toulousain Sofiane Guitoune a d’ailleurs été éloigné des terrains pendant une saison entière et est allé se soigner à Clairefontaine, temple français des footballeurs, comme le relate L'équipe. Les escrimeurs sont aussi victimes de pubalgies, du fait des fentes avant répétées pour atteindre leur adversaire avec leur lame.
Comment éviter la pubalgie ?
Le secret réside d’abord dans l’hydratation. Zone tendineuse, le pubis a besoin d’eau pour évite l’inflammation. Les sportifs doivent également veiller à bien s’échauffer, pour que leur corps ne subisse pas les micro-traumatismes causés par leur activité.
Surtout, le meilleur moyen d’éloigner la pubalgie est de bien se préparer physiquement avant la saison pour les footballeurs et les rugbymen, en variant leur activité. "Par exemple, on va demander aux footballeurs de nager, explique le Dr Linh Vu Ngoc. Cela va solliciter les muscles posturaux et abdominaux pour éviter un déséquilibre avec les muscles de la cuisse", notamment les ischio-jambiers, naturellement plus musclés dans ces sports.
Comment la traiter si elle survient ?
La plupart du temps, le traitement d’une pubalgie est uniquement médical. Le sportif va prendre des antalgiques, pour calmer la douleur, et commencer un travail de rééducation avec un kiné, pour retrouver une harmonie entre les muscles. Cela nécessite du repos, de quatre à six mois en principe. La décision de s’arrêter est difficile à prendre, et certains préfèrent continuer la compétition en calmant la douleur. La blessure va alors s’aggraver avec le temps, jusqu’à forcer le sportif à stopper son activité.
La pubalgie peut aussi entraîner une opération. Une solution qui ne concerne que "15% des cas" selon le Dr Vu Ngoc. L’intervention chirurgicale permet de "libérer les tensions et de renforcer les zones faibles", explique le médecin. Là encore, le footballeur blessé sera éloigné des terrains pendant quelques mois. De quoi encourager à ne pas sécher les séances d’étirement et de piscine.
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