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Paris : un homme brûlé à 95% sauvé par la greffe de peau de son frère jumeau, une première mondiale

Pour la première fois, un homme de 33 ans, brûlé sur la quasi-totalité de son corps après un accident du travail, a été sauvé d'une mort certaine à l'hôpital Saint-Louis de Paris grâce à une greffe de peau de son frère jumeau.

Article rédigé par franceinfo, Bruno Rougier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des chirurgiens pratiquent une greffe de la peau dans un hôpital de Lyon, en avril 2012. (Photo d'illustration).  (JEFF PACHOUD / AFP)

Un homme de 33 ans, brûlé sur 95% de la surface de son corps après un accident du travail, a été sauvé au centre de traitement des brûlés de l'hôpital Saint-Louis de Paris, grâce à une greffe de peau de son frère jumeau, révèle jeudi 23 novembre franceinfo. Il s'agit d'une première mondiale, alors que les chances de survie du jeune homme étaient quasiment nulles, compte tenu de l'étendue de ses brûlures.

"Un réservoir de peau à disposition"

Des brûlés ont déjà été greffés avec leur jumeau homozygote, mais jamais un brûlé avec une telle étendue. Cette prouesse a été réalisée par l'équipe du professeur Maurice Mimoun en chirurgie plastique et reconstructrice, et l'équipe du professeur Alexandre Mebaza en anesthésie-réanimation, a précisé l'AP-HP à franceinfo. "C'est la première fois qu'on greffe 95% d'une peau brûlée, c'est une greffe quasi-totale", s'est félicité le professeur Maurice Mimoun au micro de franceinfo.

L'intérêt de le greffer avec la peau de son jumeau est que la peau n'est pas rejetée après trois semaines, comme l'aurait été n'importe quelle autre peau.

Professeur Maurice Mimoun

à franceinfo

La peau est un organe indispensable à la vie. Le don de son frère jumeau a donc permis de sauver la vie du brûlé ; les jumeaux étant homozygotes, soit issus du même œuf, les deux frères partagent le même ADN, ce qui a permis d'éviter le rejet de greffe. "C'est comme s'il avait un réservoir de peau à disposition, une peau qu'on pouvait lui mettre alors qu'il n'avait plus rien", a estimé le professeur Mimoun.

L'homme de 33 ans qui a subi la greffe avait été victime d'un accident du travail en septembre 2016. Il avait été brûlé sur 95% de la surface de son corps, y compris le visage : seule une partie de ses pieds et de son bassin avait été épargnée. Son frère s'est immédiatement proposé pour être donneur, a raconté le professeur Mimoun : "Il n'était pas question pour lui de faire autrement".

Grâce à lui, les médecins ont pu lancer la procédure de greffe sur son jumeau brûlé. "D'abord, il y a une préparation. On l'opère une ou deux fois pour lui enlever la peau brûlée, qui est un poison, a-t-il détaillé. Au septième jour, dans deux blocs opératoires très proches, d'un côté on prépare le patient brûlé et de l'autre on prélève le jumeau sain."

Trois interventions nécessaires

Le donneur a été prélevé sur le cuir chevelu. "L'avantage, c'est que cela ne laisse aucune marque et que cela cicatrise extrêmement vite, sans être douloureux. Ce qui fait qu'on peut prendre plusieurs fois cette zone, car elle cicatrise en quelques jours", a expliqué le professeur Mimoun.

Trois interventions ont été nécessaires, au 7eme, 11eme et 44eme jour. Ce cuir chevelu ne suffisant pas, le jumeau sain a donné de la peau de son dos et de ses cuisses, pour une surface totalisant les 50% de son corps. Sa peau a ensuite été étendue par l'équipe médicale, pour pouvoir recouvrir le corps de son frère.

Une première inédite qui donne de l'espoir aux médecins, pour pouvoir ensuite envisager de faire progresser la réussite des greffes de peau.

On a compris qu'on pouvait sauver des brûlés à 95% si on disposait rapidement d'une peau, que l'on espère un jour universelle

Le professeur Mimoun

à franceinfo

"Les recherches avancent, s'est enthousiasmé le professeur Mimoun. Un autre phénomène assez magique est qu'en greffant le patient précocement, on s'est aperçus qu'il y avait certaines zones [de peau] qui avaient récupéré." 

Après plus de quatre mois de soins spécialisés, le patient est sorti du centre de brûlés de l’hôpital de Saint-Louis. Actuellement, la rééducation suit son cours, le patient marche et est rentré chez lui.

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