En Afrique, des opérations chirurgicales deux fois plus mortelles qu'ailleurs
Selon une étude parue mercredi 3 janvier dans la revue britannique The Lancet, se faire opérer en Afrique tue deux fois plus qu'ailleurs. Les auteurs de l'étude ont analysé les données de 247 hôpitaux à travers 25 pays du continent. Après l'étude de 10.885 dossiers de patients, plusieurs résultats alarmants ont été mis en évidence.
Près d'un patient sur cinq connaît des complications après une opération
D'après les auteurs de l'étude, les individus opérés en Afrique sont en moyenne plus jeunes que dans le reste du monde. Par ailleurs, ils subissent des interventions moins lourdes. Autant de facteurs qui devraient expliquer que la mortalité lors des opérations y soit inférieure qu'ailleurs. Pourtant, selon les scientifiques,18,2 % des patients observés au cours de l'étude connaissent des complications. Parmi eux, presque un sur dix en est décédé. Plus inquiétant encore : quatre patients sur cinq étaient initialement considérés "à risque faible", compte tenu de leur âge et de leur bonne santé.
Au total, les résultats de l'étude mettent en avant que la mortalité atteint 1 % dans le domaine de la chirurgie non urgente en Afrique, contre seulement 0,5 % dans le monde.
En Afrique, moins d'un chirurgien pour 100.000 habitants
D'autres experts ont parallèlement souligné qu'il y a seulement 212 opérations pour 100.000 habitants par an en Afrique, soit "vingt fois moins" que ce qui est nécessaire afin d'assurer les "besoins vitaux" d'une population. Tout aussi préoccupant, le continent compterait 0,7 spécialiste de la chirurgie pour 100.000 habitants. Pour rappel, une proportion de 20 à 40 professionnels est généralement recommandée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour un échantillon de cette taille.
Pour les auteurs de l'étude, cette "pénurie de main d'œuvre et de ressources" aboutit à une "chirurgie moins sûre dans la région". Selon Bruce Biccard, principal auteur et professeur au Groote Schuur Hospital (Le Cap), "le résultat des opérations restera mauvais tant que le problème du manque de ressources ne sera pas réglé". D'après lui, seule "une amélioration de la surveillance des patients pendant et juste après leur opération" pourrait permettre une résolution de ce problème.
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