Pour la première fois, une greffe d'utérus a été réalisée en France
Cette première médicale française a eu lieu dimanche 31 mars. Ce type de greffe, réalisée auparavant dans d'autres pays, a déjà permis des naissances.
C'est une première en France. Une femme de 34 ans, infertile, a pu bénéficier d'une greffe d'utérus fin mars, a annoncé jeudi 11 avril l'hôpital Foch de Suresnes. Elle a été réalisée avec l'utérus d'une donneuse vivante – la mère de la receveuse – par l'équipe du professeur Jean-Marc Ayoubi, chef de service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction de l'hôpital Foch. La patiente greffée, atteinte du syndrome de Rokitansky-Küster-Hauser, est née sans utérus, une condition qui touche une femme sur 4 500 à la naissance.
La donneuse, âgée de 57 ans, et sa fille, dont les identités n'ont pas été dévoilées, "vont bien", assure le chirurgien. "La patiente transplantée n'est pas encore enceinte et le transfert d'embryons préalablement congelés pourrait se faire dans dix mois", dit-il. Dans les autres cas à l'international, "cela s'est fait entre six et douze mois".
Cette première greffe française est le résultat de plus de dix ans de recherche et de collaborations, en particulier avec le professeur Brännström, de l'université de Göteborg en Suède. "On travaille avec cette équipe pionnière suédoise depuis sept à huit ans (...). Nous avons apporté notre expertise en chirurgie robotique qu'ils ont utilisée pour leurs cinq dernières greffes" afin d'effectuer le prélèvement de l'utérus, poursuit Jean-Marc Ayoubi, soulignant que cela facilitait la récupération de la donneuse.
Quatorze heures d'opération
La durée opératoire a été de l'ordre de 14 heures pour les deux interventions, celle du prélèvement étant la plus longue. Celui-ci doit être très méticuleux pour que l'utérus soit réimplantable. Le robot, offrant une meilleure vision, en 3D, facilite la dissection de vaisseaux très fins. La greffe, elle, se fait par chirurgie classique. Elle n'a par ailleurs pas vocation à être permanente en raison du traitement antirejet. Il s'agit d'une "greffe provisoire" pour avoir un enfant, rappelle-t-il.
L'équipe du professeur Ayoubi a reçu l'autorisation de l'Agence de la biomédecine et de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) de conduire un essai clinique pour 10 greffes avec donneuses vivantes apparentées. Une autre équipe au CHU de Limoges a eu l'aval pour huit greffes avec donneuses en état de mort cérébrale.
Une alternative expérimentale à la GPA
Cette greffe représente une alternative expérimentale à la gestation pour autrui (GPA) interdite en France, ou à l'adoption. Le traitement immunosuppresseur, antirejet, est "moins lourd" que pour d'autres transplantations d'organe. Il est adapté à la grossesse, comme on le fait dans le cas des greffées du rein enceintes.
Ce type de greffe, réalisée auparavant dans d'autres pays, a déjà permis des naissances. La première a eu lieu en Suède en 2014. La naissance, survenue un an après la transplantation, avait été annoncée dans la prestigieuse revue médicale The Lancet par l'équipe du professeur Mats Brännström de l'université de Göteborg. La donneuse vivante avait 61 ans.
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