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Des médecins partent en guerre contre les médecines alternatives

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Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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124 médecins et professionnels de santé signent une tribune au vitriol contre l'utilisation des médecines alternatives.

"Charlatans", "pratiques ésotériques" et "dangereuses"... Les signataires de la tribune, parue dans le Figaro daté du 19 mars n'ont pas de mots assez durs pour condamner l'utilisation des médecines alternatives. Des pratiques qui, selon eux, ne reposent sur aucun fondement scientifique et qui peuvent entraîner des retards de diagnostics aux conséquences dramatiques. 

Le docteur Jérémy Descoux, cardiologue et initiateur de cet appel répond à nos questions.

  • Officiellement, il y a quatre médecines complémentaires reconnues par le Conseil de l'Ordre des médecins : l'homéopathie, l'acupuncture, la mésothérapie et l'ostéopathie. 40% des Français y ont recours. Faut-il jeter ces quatre médecines alternatives ?

Dr Jérémy Descoux : "C’est compliqué de se positionner comme ça car c’est une médecine qui est pratiquée larga manu. Nous, ce sur quoi on s’appuie, c’est qu’il y a un argument scientifique : pour démontrer que votre médecine est efficace ou pas, on teste, on a différents protocoles pour évaluer leur efficacité et les effets secondaires qu'elles peuvent avoir.

"Or, ces médecines complémentaires n'ont malheureusement pas montré d’efficacité sur la totalité des pratiques. Par exemple, l’homéopathie, sur les différentes études qui ont été menées - et il y en a eu beaucoup - n’a jamais montré d’efficacité. C’est pareil sur l’acupuncture."

  • Pour l’acupuncture, ça n’est pas tout à fait vrai… il y a des études sur les animaux qui ont montré une vraie efficacité et l’OMS l’a reconnue pour certaines indications, notamment pour le traitement des douleurs chroniques…

Dr Jérémy Descoux : "Il y a quelques indications mais qui sont très limitées et il y a certains problèmes qui se posent sur le plan méthodologique. Nous ce que nous défendons, c’est de pouvoir faire une médecine qui se revendique scientifique et donc qui soit au service du patient. Et ce qu’on voit, c’est qu’il y a des mouvements « anti-science » qui se développent et ces mouvements anti-science, ils comportent un danger pour la population qui va être craintive vis-à-vis des médicaments, qui va refuser des traitements comme la chimiothérapie parce qu’ils ont une publicité effroyable alors que c’est eux qui vont être en mesure de les soigner."

  • Vous accusez le Conseil de l’Ordre des médecins de complaisance envers les médecins « charlatans »… En France, plus de 6.000 médecins pratiquent des médecines alternatives, en plus de la médecine conventionnelle. Faut-il radier ces 6.000 médecins ?

Dr Jérémy Descoux : "On souhaiterait que lorsqu’on adresse quelqu’un pour voir son médecin  traitant, il puisse consulter pour une consultation de médecine générale. Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a un manque de médecins en France et le problème est que ces consultations qui n’ont pas d’efficacité démontrée occupent un temps médical qui n’est pas du tout négligeable. Et ce temps médical, qui n’est pas occupé à faire de la médecine, c’est un temps médical qui est perdu pour les patients. Nous disons que si les gens veulent pratiquer la médecine, qu’ils la pratiquent en tant que médecin. S’ils veulent faire de l’homéopathie, qu’ils le fassent sur un temps d’homéopathie. Il est temps de séparer complètement les deux pratiques afin de redonner un peu de clarté aux patients qui veulent accéder à une médecine scientifique. Ils doivent avoir accès aux meilleurs soins disponibles et aujourd’hui, ces médecines alternatives ne sont pas le meilleur choix possible."

  • Vous parlez de médecins « charlatans », vous n’avez pas l’impression qu’en exagérant autant, vous allez rendre votre discours inaudible ? Il y a quand même des patients qui ont recours à ces médecines complémentaires et qui sont très contents…

Dr Jérémy Descoux : "Nous n’accusons pas les patients de solliciter ces médecins. Les gens sont en recherche de quelque chose qui est important et auquel nous avons beaucoup de mal à répondre : c’est principalement le soutien relationnel et le temps. Aujourd’hui, en médecine générale comme dans les autres spécialités, nous avons beaucoup de mal à prendre ce temps avec les patients parce que nous avons une demande extrêmement forte. Donc plutôt que de dire aux gens « allez voir un homéopathe qui va vous raconter des choses mystiques », peut-être redistribuez ce temps vers des professionnels, des psychothérapeutes qualifiés pour organiser ce soutien relationnel."

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