Conseil médical sur Internet : mode d'emploi
Depuis plusieurs mois, les plateformes de mise en relation entre praticiens et patients se multiplient. Et elles concernent aussi bien les médecins généralistes que les spécialistes. Le Dr Charles-Louis Buccafusca est orthopédiste gériatre. Après ses consultations classiques, il se connecte à une plateforme médicale en ligne pour donner des conseils personnalisés et anonymes aux internautes.
Le conseil médical en ligne pour améliorer l'accès aux soins ?
Pour une réponse immédiate du médecin, le tarif est de 5,90 euros et pour un chat en direct il faut compter 1,90 euro la minute. Un service qui selon ce spécialiste présenterait de nombreux intérêts : "Cela permet tout d’abord de rassurer le patient mais aussi de le diriger vers des spécialistes, de désengorger les consultations des médecins généralistes et les services d'urgences, et également d'éviter toute sorte d'automédication dangereuse", affirme le Dr Jean-Charles Buccafusca.
Autre argument mis en avant par les concepteurs de ces sites : améliorer l'accès aux soins. "On va pouvoir toucher des gens qui ne seraient pas allés chez le médecin par manque de temps, car les délais de rendez-vous s’allongent ou par manque d’envie. Donc notre plateforme permet de remettre dans le parcours de soins des gens qui ne seraient pas allés consulter", estime Séverine Grégoire, co-fondatrice du site Mesdocteurs.com.
Du téléconseil payant, et non de la téléconsultation
Mais pour le moment, les médecins de cette plateforme ne sont pas autorisés à délivrer des ordonnances aux usagers. Ce site fait du téléconseil, et non de la téléconsultation, une activité qui nécessite d’engager une procédure auprès de l’Agence régionale de santé afin d’obtenir un agrément spécifique.
Sur la toile, les offres de téléconseil sont de plus en plus nombreuses. Des sites généralistes aux sites spécialisés en passant par les applications pour smartphone, l'internaute a le choix. Mais rares sont les services gratuits. Il faut payer en ligne ou souscrire certains contrats de complémentaire santé qui donnent accès à ces plateformes médicales.
Si le Conseil national de l'Ordre des médecins ne s'oppose pas à ces pratiques, il s'interroge sur l’aspect financier. : "L'usager va payer la plateforme et bien évidemment jusqu’à présent cela n’est pas pris en charge par l’assurance maladie obligatoire donc ou bien il va payer lui-même ou alors c'est par l'intermédiaire d'un assureur complémentaire or cela pourrait conduire à une sorte d’inégalité dans l’accès aux soins en fonction des moyens", estime le Dr Jacques Lucas, vice-président du Conseil national de l’Ordre des médecins.
Quid de la protection des données personnelles ?
Ces plateformes soulèvent également des inquiétudes concernant la protection des données personnelles. Pour garantir la protection des informations de santé de l'usager, ces sites doivent offrir une connexion sécurisée : le protocole "https" et le symbole du cadenas doivent figurer dans leur URL. Mais selon la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), cette précaution n'est pas suffisante. "Il faut aussi vérifier les conditions d’hébergement des données et notamment vérifier si elles sont hébergées auprès d’un hébergeur de données de santé agréé par le ministère de la Santé", explique Délia Rahal-Löfskog, chef du service santé de la CNIL. La liste de ces hébergeurs est consultable sur le site Esante.gouv.fr.
En cas de détournement de ses données personnelles, l'internaute peut saisir directement la CNIL.
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