Chimiothérapie 5-FU : des familles de victimes vont porter plainte
"La cure qui devait les soigner les a envoyés au cimetière." C’est par ces mots que l’avocat Vincent Julé-Parade, qui défend les familles de patients décédés après avoir suivi une chimiothérapie contre-indiquée, révèle leur intention de porter plainte contre X. D’après les plaignants, qui représentent également une personne gravement atteinte, les pouvoirs publics n’ont pas recommandé suffisamment tôt un test qui aurait pourtant permis de déceler cette contre-indication.
Un déficit de l’enzyme DPD qui décuple les effets toxiques de la molécule
La molécule en cause, le 5-fluorouracile, dit 5-FU ou capécitabine, est fréquemment utilisée dans les chimiothérapies, parfois avec d'autres anticancéreux. 80.000 personnes atteintes d'un cancer sont traitées avec cette molécule chaque année en France, d’après l'Institut national du cancer (INCa). Elles souffrent les plus souvent de cancers du sein, de cancers digestifs ou de cancers ORL.
- A lire aussi : "Comprendre la chimiothérapie et ses effets"
Dans certains cas cependant, le patient présente un déficit total ou partiel de l’enzyme DPD, et les effets toxiques du 5-FU sont décuplés. Il faut alors réduire la dose de 5-FU administrée ou utiliser d'autres molécules. Il existe à l’heure actuelle deux tests permettant de déceler cette sensibilité. Mais jusqu'à récemment, seuls certains hôpitaux les pratiquaient.
"L'idée, ça n'est pas de mettre en cause le 5-FU"
"L'idée, ça n'est pas de mettre en cause le 5-FU, qui a fait ses preuves, mais d'interpeller : pourquoi, alors que l'on savait depuis plusieurs années qu'il y avait cette contre-indication en cas de déficit [de l'enzyme DPD, NDLR] et qu'il y a des tests qui existent, aucune autorité sanitaire ni aucun responsable public n'a pris comme mesure de recommander ce test avant février 2018 ?", questionne Me Vincent Julé-Parade.
Il y a près d’un an, l'Agence du médicament (ANSM) avait déjà estimé qu’un dépistage systématique était utile. Elle avait toutefois ajouté qu'il n'existait "aucun consensus [...] sur les modalités" de ce dépistage. Le 18 décembre dernier par ailleurs, l'INCa et la Haute autorité de santé (HAS) ont pour leur part recommandé la réalisation systématique de l’une ou de l’autre méthode de dépistage.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.