Sida : "Si on arrive à accélérer, on peut contrôler l'épidémie", estime l'Onusida
Michel Sidibé, directeur exécutif du Programme des Nations Unies sur le sida (Onusida) s'est réjoui de la diminution du nombre de morts du sida, jeudi sur franceinfo.
Un million de personnes sont mortes du sida en 2016, soit moitié moins qu'en 2005. Désormais, plus de la moitié des porteurs du VIH ont accès à un traitement, selon un rapport de l'Onusida, le Programme commun des Nations Unies sur le sida. Des chiffres encourageants, selon Michel Sidibé. Le directeur exécutif d’Onusida a estimé jeudi 20 juillet sur franceinfo qu'"on peut briser la colonne vertébrale de cette épidémie". Toutefois, il a pointé l'augmentation des personnes infectées en Europe de l'Est et en Asie centrale.
franceinfo : Peut-on être optimiste en voyant les chiffres du rapport de l'Onusida, qui montrent un recul du nombre de morts du sida ?
Michel Sidibé : Ces chiffres montrent que l'on peut briser la colonne vertébrale de cette épidémie. La solidarité mondiale a produit des résultats. On constate une baisse de la mortalité. Surtout, la transmission de la mère à l'enfant est stoppée dans la plupart des régions. Il y a une réduction considérable. De plus en plus de personnes mises sous traitement ne transmettent plus le virus. Si on continue à mettre 2,4 millions de nouvelles personnes par an sous traitement, d'ici 2020, on atteindra le chiffre de 30 millions de personnes traitées. Si c'est le cas, on contrôle cette épidémie.
Quelles sont les priorités dans la lutte contre le sida ?
Nous n'arrivons pas à faire de progrès en Europe de l'Est et en Asie centrale. Sur les six dernières années, on y constate une augmentation de 60% de nouvelles infections. 80% de ces nouvelles infections se produisent en Russie. Tant que des personnes infectées seront stigmatisées, discriminées voire considérées comme des criminels dans certaines parties du monde, on ne pourra pas leur fournir les services. Le deuxième problème est celui des jeunes filles. Nous n'arrivons pas à briser l'infection pour les jeunes filles, parce que les jeunes hommes du même âge ne connaissent pas leur statut. Il faut les amener à se faire dépister entre 19 et 40 ans pour qu'ils aient accès au même service de traitement.
Comment expliquez-vous que le message ne passe pas dans ces zones ?
Dans ces régions, l'activisme n'a jamais été perçu comme une force de transformation. Il y a toujours eu une certaine suspicion à l'égard de la société civile. On sait que les services publics ont du mal à atteindre les personnes clés, telles que les personnes qui s'injectent de la drogue, les gays ou même les travailleurs du sexe. Les lois sont mauvaises. On ne peut pas changer la face de cette épidémie quand 50% des nouvelles infections se produisent sur des personnes qui s'injectent de la drogue.
Est-ce qu'on pourra un jour se débarrasser du sida ?
J'en suis convaincu. Si on arrive à accélérer, on peut contrôler l'épidémie. Pour autant, il faut tenir compte du fait que l'on doit investir un peu plus sur l’Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale pour un rattrapage dans ces régions qui sont laissées pour compte. En 2030, je suis convaincu que je pourrai retouner au Mali et être satisfait par le fait que le monde dans son ensemble aura réussi, pour la première fois, à contrôler une épidémie.
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