IST : le préservatif boudé par les séropositifs suisses
L'étude des chercheurs zurichois, basée sur le suivi à long terme de 12.328 patients séropositifs au VIH, conclut que les rapports sans préservatifs ont augmenté de façon significative pour les hétérosexuels et les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) "ayant une relation suivie", ainsi que pour les HSH "ayant des relations occasionnelles". Cette tendance aurait augmenté depuis 2008.
2008, c'est l'année où la Commission fédérale suisse sur le VIH/sida a accepté de communiquer activement autour d’un fait scientifique important : les personnes suivant une thérapie antirétrovirale efficace (charge virale VIH indétectable) depuis plus de six mois ne peuvent contaminer leur partenaire par le VIH.
Dès lors que ces conditions sont réunies, et qu'aucun des partenaires n'est porteur d'une autre infection sexuellement transmissible, le port du préservatif n'a plus qu'une finalité contraceptive, et non prophylactique (prévention des maladies).
Une réduction du nombre d'utilisateurs de préservatifs était attendue par les chercheurs. Une précédente étude (limitée à la période 2007-2009) suggérait cette évolution. Mais la tendance s'est réellement accélérée depuis 2008, et n'a pas ralenti depuis. La proportion de patients n'utilisant pas de préservatifs croit d'environ 14% par an pour les HS et de +10% par an pour les hétérosexuels.
Pour les HSH, alors que proportion de patients n'utilisant pas de préservatifs n’accusait pas une croissance supérieure à 5% par an avant 2008, elle est estimée autour de 20% par an depuis cette date. Pour les hétérosexuels, la tendance était à la baisse avant 2008 (estimée entre -1% et -5% par an). Elle augmente désormais très significativement (de +11% à +15% par an).
"La prise de position de la Suisse semble avoir accéléré un changement dans la perception du VIH, changement de perception qui se développait déjà auparavant", soulignent les chercheurs. Mais le phénomène a été particulièrement fort au sein du groupe des HSH n’ayant pas des relations stables. Et indépendamment de la question de la charge virale du VIH, "les relations sexuelles sans préservatifs sont un facteur de risque important pour la transmission d'autres IST". Il s’agit selon eux d’une cause importante d’une recrudescence des IST, et plus particulièrement des infections à l'hépatite C, sur le territoire hélvète.
Source : Increases in condom-less sex in the swiss HIV cohort study. Roger Kouyos et coll. Open Forum Infect Dis, 4 juin 2015. doi: 10.1093/ofid/ofv077
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