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Si, selon l'OMS, la souche de la bactérie tueuse était "déjà connue" chez l'homme, d'autres chercheurs en doutent

Mais alors que sa propagation semblait se stabiliser le 3 juin, son origine et son mode de diffusion restaient mystérieux.La flambée des cas d'intoxications intervenue en Allemagne après la contamination bactérienne étonne: quelle en est l'origine et la gravité, quelles sont les recommandations sanitaires ? Petit point.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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A l'Institut vétérinaire d'Hanovre, en Allemagne: test pour identifier la bactérie Eceh, le 1er juin 2011. (CAROLINE SEIDEL / DPA / AFP)

Mais alors que sa propagation semblait se stabiliser le 3 juin, son origine et son mode de diffusion restaient mystérieux.

La flambée des cas d'intoxications intervenue en Allemagne après la contamination bactérienne étonne: quelle en est l'origine et la gravité, quelles sont les recommandations sanitaires ? Petit point.

Responsable d'une épidémie qui a déjà fait une vingtaine de morts en Europe, dont la majorité en Allemagne, la souche de la bactérie Eceh "qui a été identifiée en Allemagne est une souche assez rare, déjà connue chez les hommes", a déclaré le 3 juin une porte-parole de l' OMS, Fadela Chaïb. Que la souche soit décelée à l'occasion d'une épidémie constitue en revanche "une première", a-t-elle précisé. "Cette souche a déjà été identifée dans des cas humains, mais pas dans des flambées", a-t-elle insisté.

Ce n'est pas l'avis d'une équipe de chercheurs allemands de Hambourg qui a, au terme d'un séquençage du génome réalisé avec une société chinoise, parlé d'une "nouvelle souche" particulièrement agressive et résistante à toute une série d'antibiotiques, "ce qui rend le traitement antibiotique extrêmement difficile". Une société chinoise privée de génomique travaillant avec le CHU d'Eppendorf à Hambourg, ainsi qu'un laboratoire californien, ont assuré que la bactérie était une "chimère", un hybride renfermant des gènes de deux bactéries E.coli différentes.

Douze pays ont rapporté des cas de contamination par la bactérie dont l'origine demeure inconnue, selon l'OMS. Outre l'Allemagne, foyer de l'épidémie, l'Autriche, la Grande-Bretagne, la République tchèque, le Danemark, la France, les Pays-Bas, la Norvège, l'Espagne, la Suède, la Suisse et Etats-Unis ont dénombré des cas d'infections, selon un bilan de l'OMS.

Les premiers cas sont apparus en Allemagne il y a environ trois semaines avec des centaines de cas d'infection se traduisant par des diarrhées banales ou éventuellement sanglantes, des maux de tête et de vives douleurs au ventre. La bactérie Eceh provoque des hémorragies du système digestif et, dans les cas les plus graves, de graves troubles rénaux.

Un mode de transmission inconnu
Le réservoir principal de ces bactéries est le tube digestif des ruminants. La transmission à l'homme se fait soit par contact direct avec des animaux contaminés ou avec l'environnement contaminé par leurs excréments, soit en consommant des aliments - viande hachée crue ou mal cuite, lait cru mais aussi salades et légumes contaminés par le sol - ou de l'eau contaminée, soit par "contact direct" avec une personne dont l'hygiène ne serait pas rigoureuse.

Depuis que les concombres espagnols, accusés au début de l'épidémie, ont été innocentés le 31 mai, le vecteur de transmission reste la grande inconnue. Et bien que cette piste ait été abandonnée, l'Institut Robert Koch, chargé de la veille sanitaire en Allemagne, continuait, le 3 juin, de recommander aux consommateurs d'éviter les légumes crus, quelle que soit leur origine. De son côté, le directeur de l'Institut fédéral allemand pour l'évaluation des risques, Andreas Hensel, a renchéri le même jour: "La provenance des produits importe peu". Le mystère s'épaissit.


Du boeuf au concombre, la peur dans nos assiettes...
... quelques exemples de psychoses alimentaires

1981, l'affaire de l'huile frelatée en Espagne

En mai 1981, un petit garçon de la banlieue de Madrid transporté d'urgence à l'hôpital meurt en quelques heures. Il est la première victime du "syndrome toxique" qui causera la mort de 1.200 personnes empoisonnées par de l'huile de colza frelatée. Contaminée à l'aniline, un extrait dérivé de nitrobenzène, cette huile était vendu comme substitut de l'huile d'olive dans les banlieues populaires de Madrid et d'autres villes.

1986, la maladie de la vache folle
Dès l'apparition des premiers cas d'encéphalopathie spongiforme bovine en 1986 en Grande-Bretagne, la maladie de la vache folle sème un vent de panique, notamment à partir de 1996 lorqu'il est annoncé qu'elle peut se transmettre par voie digestive à l'homme sous la forme d'une maladie neurodégénérative (Creutzfeldt-Jakob vMCJ).
L'Europe sera traumatisée pendant plusieurs années: plus de 170 morts en Grande-Bretagne, plus de 190.000 cas d'ESB comptabilisés dans l'UE, des milliers de bêtes abattues. Ce n'est qu'en 1999 que l'UE lève l'embargo sur le boeuf britannique décrété en 1989. La France ne le lèvera qu'en 2002.

1999, l'affaire du poulet à la dioxine en Belgique
En mai, de la dioxine (hautement cancérigène) est découverte dans des farines pour la volaille et le bétail, contaminant toute la chaîne alimentaire. Le "syndrôme de la dioxine" s'empare des consommateurs européens qui boudent les ventes d'oeufs et de poulets issus d'élevage industriels. Ce scandale, qui a coûté 650 millions d'euros à la Belgique, a en outre provoqué la démission de deux ministres.

2003, la grippe aviaire
Appelé également grippe du poulet, la grippe aviaire est réapparue en Asie, puis s'est répandue au Moyen-Orient, en Europe et en Afrique, tuant plus de 240 personnes. Au plus fort de la crise, entre 2005 et 2006, quatorze pays de l'UE seront touchés. Des millions de bêtes seront abattues. Dans la plupart des cas, les personnes contaminées ont eu des contacts rapprochés avec des volailles infectées.

Comment se protéger ?
Selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, la souche est un sous-type de la bactérie Escherichia coli produisant des shiga-toxines.

Pour éviter toute contamination, les autorités sanitaires rappellent les règles d'hygiène habituelles: se laver les mains avant chaque repas et après chaque passage aux toilettes et, concernant les fruits et légumes, les laver, les éplucher ou les faire cuire avant de les consommer.

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