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Quand les préjugés sexistes mettent la santé des femmes en danger

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Temps de lecture : 3min
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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Les inégalités hommes-femmes existent aussi dans le domaine de la santé. Elles biaisent même, parfois, le diagnostic. Les explications de Nathalie Bajos, directrice de recherche à l'Inserm, invitée du Magazine de la Santé.

Les femmes sont plus douillettes que les hommes, plus émotives, plus dépressives aussi… Les préjugés sexistes ont la peau dure, y compris dans le domaine de la santé. Ces idées reçues influencent même les médecins, la recherche et le comportement des malades jusqu'à parfois fausser le diagnostic ! Le comité d'éthique de l'Inserm s'est penché sur la question. À l'occasion de la Journée Internationale des droits des femmes, Nathalie Bajos, sociologue et directrice de recherche à l'Inserm fait le point sur la situation.

  • Les femmes sont-elles moins bien soignées aujourd'hui que les hommes ?

Nathalie Bajos, sociologue et directrice de recherche à l'Inserm : "Il ne faut pas faire de généralités, mais une série de recherches et de données de santé sont en défaveur des femmes. Au-delà des facteurs génétiques et hormonaux qui différencient effectivement les femmes et les hommes, il existe toute une série de stéréotypes qui influent sur les représentations que les hommes et les femmes ont de leur santé. En fonction des symptômes, ils n'auront pas les mêmes réactions, ne consulteront pas au même moment."

  • Mais les professionnels de santé réagissent-ils différemment selon le sexe de leur patient ?

Nathalie Bajos : "Les pratiques professionnelles sont souvent différentes en effet. Les conséquences peuvent être très lourdes. On pense souvent, à tort, que l'infarctus du myocarde est l'apanage des hommes stressés... C'est faux. Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité des femmes en France. En cas d'insuffisance cardiaque, une étude récente a montré qu'à symptômes équivalents, on propose beaucoup plus souvent la pose d'un défibrillateur a un homme qu'à une femme. Ce geste augmente pourtant les chances de survie. Face aux stéréotypes de genre, les traitements proposés ne seront pas les mêmes."

  • Ces stéréotypes de genre sont-ils toujours en défaveur des femmes ?

Nathalie Bajos : "C'est souvent le cas en effet. Mais l'inverse est vrai aussi. L'ostéoporose par exemple est une maladie associée à la femme ménopausée. Elle est très souvent sous-diagnostiquée chez les hommes. Toutes ces représentations construisent des profils d'accès aux soins et de traitements différents selon le sexe du patient. On a du mal à le percevoir car l'espérance de vie est quand même largement favorable aux femmes (elle est de 6 ans supérieure à celle des hommes). Si on s'interroge peu sur les effets de genre dans le domaine de la santé c'est parce que ça semble évident : les femmes seraient privilégiées dans ce domaine. Dans la réalité, c'est beaucoup plus complexe."

  • La recherche est-elle sexiste ?

Nathalie Bajos : "Absolument. On peut le dire ainsi. Quand les essais menés pour fabriquer des médicaments sont réalisés chez les animaux, ils le sont beaucoup plus souvent sur des mâles que des femelles. Les essais cliniques sur les êtres humains aussi. Officiellement, pour éviter les risques pour les grossesses, les problèmes de variations du cycle hormonal de la femme... Mais les spécialistes s'accordent à dire que ce n'est pas justifié. La recherche est sexiste dans la mesure où les études épidémiologiques sont réalisées sur des populations d'hommes. Les résultats seront appliqués sur des populations de femmes. Parfois, les différences hommes-femmes doivent être prises en compte, parfois elles n'ont aucun sens. Il y a un véritable enjeu de formation auprès des chercheurs et des professionnels de santé à ce sujet."

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