Pourquoi simule-t-on l'orgasme ?
Simuler un orgasme concerne aussi bien les hommes que les femmes, même si celles-ci utilisent un peu plus souvent cet artifice. Celui ou celle qui met en scène son orgasme se vante rarement de sa prestation, tandis que la plupart des partenaires la vivent comme une trahison et se sentent vexé(e)s.
La simulation parfois anecdotique
Néanmoins, dans certaines circonstances, le fait de simuler quelques gémissements et soubresauts ne semble pas dramatique et reste sans conséquences sur la vie sexuelle. Certains(e)s vont même jusqu'à estimer que c'est très positif pour leur couple, notamment en rassurant le/la partenaire sur ses compétences sexuelles qui ne sont pas à remettre en cause par ailleurs....
- Simuler pour abréger une histoire d'un soir
Si l'auteur(e) de la simulation n'a pas de difficultés avec l'orgasme par ailleurs, cet épisode semble anecdotique, même s'il n'est pas glorieux. Certes, ce n'est pas forcément rendre service aux partenaires suivant(e)s puisque qu'il ne risque pas d'apprendre comment donner davantage de plaisir à l'autre. Mais une nuit ne changera pas son apprentissage...
- Simuler ponctuellement au sein d'un couple qui se connaît bien sexuellement et où le plaisir ne manque pas
Si les deux partenaires savent comment favoriser ou provoquer l'orgasme de l'autre, l'enjeu de la simulation est moindre. L'absence de jouissance et par ricochet la simulation ponctuelle, n'apparaissent pas dramatiques (hormis pour les ayatollahs de l'honnêteté dans le couple). Pour une simple raison, le plaisir existe dans ce couple et ne pose pas de problème...
S'interroger sur la raison de la simulation est toutefois intéressant : est-ce pour ménager la susceptibilité de l'autre parce qu'on a envie de lui faire plaisir ? Parce que le ou la partenaire estime qu'il a le devoir de "faire jouir" (souvent pour se rassurer inconsciemment sur sa performance) ? Avoir un orgasme ne devrait jamais être vécu comme une obligation (personnelle, imposée par le/la partenaire ou les normes sociétales) mais ce point de vue est parfois difficile à faire entendre dans une société et un couple où l'orgasme est vécu comme un Graal incontournable. Or, une étreinte est parfois un simple moment de retrouvailles tendres, complices, douces, agréables. Certains jours, la fatigue, le stress, les préoccupations, la disponibilité émotionnelle, un corps qui n'est pas à ce qu'il fait, ne prêtent pas à l'orgasme. Ce qui ne signifie pas une absence de plaisir à se retrouver connectés l'un dans l'autre, ni une frustration fort heureusement ! Ce serait sans doute plus simple de ne pas se sentir obligé(e) de simuler quelle que soit la raison mais c'est une réflexion personnelle à mener...
Les situations à risque
La sexualité reste l'un des ciments fondateurs pour la majorité des couples. Aussi bien lors des prémices d'une relation nouvelle qu'au sein d'un couple plus installé où celui qui simule ne prend pas beaucoup de plaisir, la simulation répétée n'est pas recommandée. Et ce, quelle que soit la raison... Et si les sexologues poussent à l'honnêteté et à ne pas simuler, c'est pour une raison assez simple qui n'a rien à voir avec la morale vilipendant le mensonge. C'est parce qu'elle induit en erreur le/la partenaire, qui ne peut pas ajuster ses comportements et faire en sorte de donner davantage de plaisir. Elle revient à confirmer au partenaire que ses stimulations sont adaptées et suffisantes pour amener l'autre à l'orgasme. Partant de cette information, il continuera sur cette voie en toute logique et ne pourra pas ajuster sa façon de faire. Si l'autre continue à simuler sur le long terme, on se retrouve souvent dans une impossibilité pour l'un à savoir ce qui est réellement efficace chez son/sa partenaire, et pour l'autre d'avouer que ce sont d'autres stimulations qui le/la font jouir.
Donner les clés de son orgasme, c'est donc initier un cercle vertueux où davantage de plaisir stimule une vie sexuelle épanouie, qui donne envie de plus d'ébats...
Comment sortir de la simulation et prendre du plaisir ?
Une certaine maturité sexuelle permet donc de comprendre que s'il est nécessaire de favoriser l'orgasme de l'autre et de se préoccuper de son plaisir, il est aussi indispensable de ne pas lui mettre trop de pression et de s'occuper de son propre orgasme. Le sexologue Sylvain Mimoun parle judicieusement d'un égoïsme partagé.
Si l'on simule depuis longtemps et que l'on se sent incapable de le reconnaître, il est facile d'invoquer le temps et les changements qu'il amène parfois avec lui : le corps évolue et ce qui lui fait de l'effet à un instant "t" ne sera pas forcément le cas à un instant t+1... Femme et homme varient, les envies sexuelles aussi, donc il est tout à fait légitime d'avoir envie d'autre chose. Se focaliser sur le présent plutôt que sur le passé est beaucoup plus constructif.
Si l'on ne sait pas ce qui fait jouir, la masturbation offrira un apprentissage du plaisir, avec les doigts et/ou un sextoy et elle apprendra comment le corps fonctionne (il est souvent plus simple de découvrir seul(e) ce qui fait de l'effet mais un/une partenaire peut prêter une main "secourable").
Si l'on sait ce que l'on aime, les plus à l'aise verbalement peuvent tout simplement indiquer ce qu'ils aimeraient comme stimulations ou positions. Autre option : parler avec le corps, en privilégiant les positions plus propices au plaisir et en montrant à son/sa partenaire la façon dont on se caresse, ou encore en prenant sa main pour le guider. Associer les deux types de guidage, verbal et corporel, assure une communication maximale ! Il faut aussi apprendre à admettre que si l'autre ne jouit pas toujours, ce n'est pas forcément de notre ressort et qu'il n'y a pas à être vexé(e)...
Rétablir une communication sexuelle fiable assainira les rapports pour le plus grand plaisir des deux partenaires !
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.