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6 hommes sur 10 ont connu des pannes d'érection selon une étude, et "c'est normal"

60% des hommes ont déjà rencontré au moins une fois au cours de leur vie des problèmes d'érection, un chiffre en hausse selon un sondage Ifop. "Il est important de dédramatiser", nuance le psychiatre Philippe Brenot.

Article rédigé par franceinfo
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"L'auto-prescription ça ne fonctionne pas et ça peut être dangereux. Il peut y avoir des contre-indications, donc il faut que ce soit un médecin qui prescrive," met en garde Philippe Brenot.  (CLAUDE PRIGENT / MAXPPP)

Six hommes sur dix en France reconnaissent avoir déjà eu des pannes d'érection dans leur vie, un sur trois dans l'année écoulée, selon une enquête Ifop* réalisée pour le compte de la start-up Charles.co. Que 60% des hommes déclarent avoir déjà eu des troubles de l'érection ne signifie pas qu'ils sont plus nombreux qu'avant, mais ils le déclarent plus qu'avant, une tendance que notent les sexologues depuis plusieurs années. 

"C'est normal que 60% des hommes aient déjà eu une panne dans leur vie, ça n'en fait pas des troubles de l'érection, ce n'est pas une maladie", a réagi mercredi 22 mai sur franceinfo Philippe Brenot, psychiatre, anthropologue, directeur d’enseignement en sexologie à Paris-Descartes et auteur du livre Pourquoi c’est si compliqué l’amour.

franceinfo : Y a-t-il une différence entre avoir une panne d'érection et des problèmes récurrents ?

Philippe Brenot : Il faut dédramatiser. Je pense qu'un sondage comme celui-là est intéressant parce qu'il montre un fait qui existe. Le chiffre de six hommes sur dix, en définitif, est normal. Le problème, c'est que nous n'avons pas d'information sur la sexualité, nous n'avons pas d'éducation à la sexualité. Notre sexualité, elle est socialement construite. C’est-à-dire que les images de la société vont fabriquer nos comportements. Le porno sur internet a modifié non pas la sexualité de nos adolescents, mais notre sexualité à tous et cela a donné l'idée de l'homme infaillible. C'est normal que 60% des hommes aient déjà eu une panne dans leur vie, ça n'en fait pas des troubles de l'érection, ce n'est pas une maladie.

Donc il ne faut pas culpabiliser ?

Ça, c'est plus compliqué. Aujourd'hui, et notamment au sein du couple, il est vrai que la sexualité occupe une grande place et quelques fois, sur le modèle des feuilletons américains, on se sépare sur une défaillance affective sexuelle. Effectivement, il faudrait le prendre en compte mais en dédramatisant, parce que si on laisse traîner une panne émotionnelle, c'est-à-dire quelques chose qui est de l'ordre de la relation, très vite, cela peut devenir un trouble qui va déstabiliser le couple.

Les causes sont plutôt psychologiques, physiologiques ou un peu des deux ?

C'est un peu des deux parce que si j'ai une panne psychologique, je vais ensuite avoir une angoisse d'anticipation, c’est-à-dire que j'ai peur à l'avance, inconsciemment, que ça revienne. Et je peux alors avoir un trouble. Le phénomène est assez courant, et pourtant les hommes consultent peu. 20% à peine de ceux qui ont un trouble récurrent vont consulter un médecin. Ça s'améliore peu parce que la sexualité est un domaine qu'on n'ose pas aborder. En premier lieu avec sa partenaire, par peur qu'elle le prenne mal. Pourtant, les femmes dramatisent beaucoup moins un trouble de l'érection pour une raison simple, c'est qu'elles attribuent l'érection à un problème de désir mais elles savent très bien qu'elles-mêmes ont un désir variable. Ce sont les hommes qui vont beaucoup plus dramatiser leurs troubles.

Est-ce qu'à défaut d'en parler, on préfère se réfugier vers des produits, des médicaments ? La dérive est-elle dangereuse ?

L'auto-prescription, ça ne fonctionne pas et ça peut être dangereux. Il peut y avoir des contre-indications, donc il faut que ce soit un médecin qui prescrive. Par contre, il est important de dédramatiser, c’est-à-dire que les hommes puissent consulter, si le trouble dure, des médecins formés à cela ou des psychologues formés. Mais il faut surtout ne rien acheter en dehors de la pharmacie, il y a sur internet des produits qui sont dangereux.

* Étude IFOP pour Charles.co réalisée en ligne du 19 au 24 avril 2019 auprès d'un échantillon de 1957 personnes, de la population masculine française âgée de 18 ans et plus, résident en France métropolitaine. 

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