Scandale des eaux Nestlé contaminées : "Aucune information n’a été communiquée aux consommateurs ni par Nestlé ni par les autorités, c’est grave", déplore Foodwatch

Alors que franceinfo et "Le Monde" ont révélé un rapport de l'Anses faisant état d'une contamination généralisée des sources exploitées par Nestlé, l'association de défense des consommateurs Foodwatch dénonce l'attitude de la multinationale.
Article rédigé par Marie Dupin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le 21 février 2024, une femme tient une pancarte indiquant « Fraude massive » représentant des bouteilles d'eau alors que des manifestants et des membres de l'ONG européenne Foodwatch se rassemblent devant le tribunal judiciaire de Paris alors que l'ONG a déposé une plainte contre Nestlé Waters. (KIRAN RIDLEY / AFP)

Après les révélations de franceinfo et Le Monde sur le groupe Nestlé, Ingrid Kragl, directrice de l’information chez Foodwatch et experte de la fraude alimentaire, déplore qu'aucune "information n’a été communiquée aux consommateurs ni par Nestlé ni par les autorités".

Jeudi 4 avril, franceinfo et Le Monde ont révélé le contenu d'une expertise menée par l'Agence de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) sur les eaux du groupe Nestlé et dont les conclusions ont été remises au gouvernement en février. Ce rapport confirme la contamination généralisée aux bactéries, pesticides, Pfas, des sources d’eau minérale naturelle exploitées par le groupe Nestlé en France et assure que leur qualité sanitaire n'est pas garantie. 

Le gouvernement français sommé de s'expliquer

Qu'aucune information n’ait été communiquée aux consommateurs "c’est grave", juge Foodwatch. "On est clairement face à des pratiques frauduleuses de la part de la première multinationale mondiale", pointe Ingrid Kragl. Elle déplore "l'opacité" et le "silence assourdissant" du gouvernement. Face à ce silence, Foodwatch a interpellé la commissaire européenne à la santé. Cette dernière a confirmé que la France "n'a absolument rien communiqué aux autorités européennes. Ce qui est quand même assez fou, parce que toutes ces eaux dont on parle aujourd'hui de grande marque, sont aussi vendues et consommées dans d'autres pays européens", explique Ingrid Kragl.

Après la demande de l'ONG, la Commission européenne contraint la France à s'expliquer devant les États membres. La Commission organise "un comité le 30 avril", précise Ingrid Kragl. "La France va devoir s'expliquer sur la façon dont elle a géré cette situation.". Selon elle, la Commission européenne a lancé un audit "en ce moment même". Elle est "en train de vérifier en France, comment les autorités françaises" ont géré cette situation.

"Nestlé continue-t-elle à commercialiser ces produits frauduleux ?"

Pour Ingrid Kragl, "la directive européenne sur les eaux et le code de la santé publique sont pourtant limpides : lorsque l’eau minérale est polluée, il ne fait aucun doute que la mise en bouteille et la commercialisation doivent être suspendues. Or, ce n’est pas ce qu’il s’est passé", dénonce-t-elle. Elle s'interroge : "Nestlé continue-t-elle aujourd’hui de commercialiser ses produits frauduleux ? La pollution a-t-elle subitement disparu et si oui, comment ?".

Contactée par franceinfo, la direction de Nestlé répète que la qualité de ses eaux est conforme à la réglementation et assure avoir retiré tous les autres traitements illicites mis en place ces dernières années.Toutefois, "dès la première constatation de pollution de ses sources, Nestlé Waters aurait dû en interrompre sans délai l’exploitation et la commercialisation, c’est la loi. Pourquoi ces eaux frauduleuses n'ont-elles pas été rappelées ?", questionne Foodwatch.

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