Garde des médecins libéraux : les syndicats dénoncent "une approche méprisante" du ministre de la Santé Frédéric Valletoux

Le ministre délégué à la Santé a déclaré, mercredi, vouloir "motiver" les médecins libéraux à prendre plus de gardes les nuits et les week-ends.
Article rédigé par franceinfo
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Un médecin prend la tension d'un patient, à Charenton-du-Cher, le 6 février 2024. (PIERRICK DELOBELLE / MAXPPP)

Frédéric Valletoux a "une approche méprisante de la médecine libérale", dénonce vendredi 16 février sur franceinfo Arnaud Chiche, anesthésiste-réanimateur, fondateur et président du collectif Santé en danger. Il se dit "très remonté" contre le nouveau ministre délégué chargé de la Santé. "On ne peut pas aborder ce sujet avec autant de légèreté dans l'analyse et autant de certitudes dans les solutions" proposées, déplore Arnaud Chiche. De son côté, la présidente du Syndicat des médecins libéraux, Sophie Bauer, invitée également vendredi sur franceinfo, estime que le ministre "aborde mal le problème".

Le président du collectif Santé en danger estime que la volonté de Frédéric Valletoux de "motiver" les médecins libéraux à prendre plus de gardes pour décharger les services d'urgences des hôpitaux est "absurde". Car "il y a déjà beaucoup de médecins libéraux qui participent aux gardes. Il faut arrêter de penser qu'ils ne travaillent pas la nuit", insiste Arnaud Chiche, en concédant toutefois que "c'est vrai, ils ne travaillent pas tous la nuit".

Des gardes réglementées pour la sécurité

Puis, il rappelle que le travail de nuit est encadré. "Si on travaille la nuit, on ne travaille plus le lendemain. Ça s'appelle le repos de sécurité. Donc la consultation du lendemain va être supprimée pour 30, 40, 50 patients", argumente Arnaud Chiche. Ainsi, il trouve le propos du ministre "démago, même mensonger, parce qu'on laisse penser qu'on va résoudre le problème des urgences dans les hôpitaux en restaurant ces gardes-là". Il ajoute également qu'il faut "connaître le profil des malades aux urgences" car "ce ne sont pas que des problèmes de médecine générale, même s’il y a en a beaucoup"

Arnaud Chiche reproche au gouvernement "de se détourner du vrai problème", à savoir le manque de soignants. "Les urgences sont débordées de patients parce qu’il n'y a pas assez de médecins, pas assez d’infirmières et il y a des malades sur les brancards qui meurent. Frédéric Valletoux devrait le savoir parce qu'il a été à la tête de la Fédération hospitalière de France", déclare, agacé, le président du collectif Santé en danger.

Un enjeu de sécurité qui est énorme

"Dans 95% des secteurs, les médecins généraux assurent déjà la garde", affirme aussi Sophie Bauer, la présidente du Syndicats des médecins libéraux. Elle avance deux raisons principales pour les 5% de secteurs non-couverts par les gardes. La première, c'est que dans certains secteurs, "'il y avait tellement peu d'appels que ce n'était pas nécessaire de mobiliser un médecin généraliste". Deuxième raison invoquée : la sécurité des médecins.

"Il y a un enjeu de sécurité qui est énorme, on a des agressions tous les jours déjà dans les cabinets", rappelle-t-elle. Et de conclure : "Il y a des endroits où on ne peut plus aller, il y a des zones de non-droit, et donc on a tendance a fermer le secteur si on ne peut pas assurer la sécurité. On ne peut pas demander aux médecins généralistes de risquer leur vie". 

Elle évoque également la problématique du vieillissement de la population de médecins généralistes. "Près de 45% des médecins ont plus de 60 ans. Ils font déjà entre 55 et 80 heures par semaine... Est-ce qu'on peut demander à ces gens-là de reprendre des gardes la nuit ?", demande-t-elle.

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