Sabrina Benali : "L'avenir de l'hôpital repose sur des choix politiques"
- Etes-vous surprise du succès de votre dernière vidéo ?
Sabrina Benali : "Cela m’attriste en réalité car je me rends compte que la situation est la même partout dans les hôpitaux. J’ai reçu des milliers de commentaires de soignants, de brancardiers, d'infirmiers, de médecins. Il y a une colère et une révolte qui s’expriment depuis un moment, la condition de l’hôpital est critique.
"Les syndicats alertent régulièrement les gouvernements depuis une dizaine d’années, mais les conditions de travail se dégradent. Les chefs médecins sont fatigués et communiquent aux nouvelles générations tout ce que leur coûte ce métier. Et c'est dramatique, car c'est nous qui reprenons le flambeau."
- Quels sont les principaux dysfonctionnements à l'hôpital ? Est-ce que ce sont surtout des problèmes organisationnels ?
Sabrina Benali : "Ce sont les coupes budgétaires qui transforment l'hôpital en une organisation managériale. L'hôpital est devenu une entreprise ! C’est l’effondrement d’un système qui devrait avoir en son cœur de l’humain et le résultat de politiques mortifères.
"Cet été, cinq infirmiers et infirmières se sont suicidés. En réaction, le ministère a annoncé la création d’un groupe de réflexion et la présentation d'un plan à l'automne ! Or nous avons besoin de moyens supplémentaires comme nous le réclamons depuis des années."
- Vous n'en êtes pas à votre première vidéo prenant à partie Marisol Touraine. Parlez-vous en tant qu'interne de l'AP-HP ou en tant que responsable de la commission santé du Parti de gauche ?
Sabrina Benali : "Je parle en mon nom. Ces vidéos sont là pour raconter ce qu’est le monde de l’hôpital. Avant de poster ces chroniques, j’ai écrit sur le sujet et avant d’être au Parti de gauche, j’étais dans l’association Les enfants de Don Quichotte. J’ai toujours été révoltée par la misère sociale. Mais le succès de cette vidéo prouve qu'elle dépasse les partis.
"Je voulais dénoncer l’hypocrisie d’un plan de communication du ministère nous demandant de libérer des lits pendant la grippe, alors que cette urgence est quotidienne. On a autant besoin de lits disponibles pendant la grippe que de places en cardiologie, en pneumologie ou dans toutes les autres pathologies.
"Les syndicats n’ont pas été entendus par le ministère. L’avenir de l’hôpital repose sur des choix politiques. La question de la santé publique doit être au cœur des projets de société des candidats à la présidentielle."
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