Pour dénoncer les déserts médicaux, il invite Agnès Buzyn à "l’enterrement de la médecine locale"
"J’ai 73 ans. Je suis installé dans le même village depuis 43 ans. […] Je travaille six jours sur sept. Je consulte très régulièrement jusqu’à 22 heures." Dans une lettre adressée à la ministre de la Santé Agnès Buzyn, le Dr Francis Bail décrit son quotidien difficile, et la situation de désertification médicale dont souffre son village, Saint-André-de-l'Eure, dans l’Eure.
Il y a quelques mois, le médecin généraliste avait fait une demande d'adhésion au contrat de stabilisation et de coordination (COSCOM). Cette disposition permet aux praticiens exerçant en zones fragiles de toucher 5.000 euros annuels. Mais cette demande a été refusée.
"J’ai pris ça comme une insulte personnelle"
"A l’époque, j’ai pris ça comme une insulte personnelle" se souvient le Dr Bail, qui a tout de même réussi à obtenir gain de cause auprès de l’Assurance-maladie. S’il assure que cette prime est purement symbolique, il ne comprend pas les arguments qui lui ont été opposés. Le Dr Bail était en effet, aux yeux de la Sécurité sociale, non éligible à cette prime puisqu’il n'exerçait pas en groupe. Piqué au vif, le praticien a aussitôt rédigé un courrier à la ministre de la Santé, qu’il a invitée à une "cérémonie d’enterrement de la médecine locale".
"Je souhaitais faire un truc ludique. Je voulais qu’on me porte dans un cercueil, avec des pleureuses derrière moi, et que ça se termine par une danse caribéenne, avec un pot à la mairie" s’amuse le Dr Bail, qui refuse de se montrer "trop sérieux". Pour le moment, rien n’est officiellement prévu, mais il est certain que quelque chose sera organisé incessamment sous peu. "Au pire, ce sera juste un défilé dans le centre-ville", relativise-t-il.
- A lire aussi : "Des déserts médicaux aux portes de Paris"
Malgré ce constat plutôt négatif, le médecin généraliste affirme qu’il n’est pas prêt de prendre sa retraite. "Ce n’est pas pour maintenant ! Je suis beaucoup trop jeune", s’amuse-t-il. Le Dr Bail espère qu’il pourra se retirer le 1er janvier 2027, quand il fêtera ses 50 ans d’activité. D’ici là, sa remplaçante actuelle devrait pouvoir reprendre son cabinet, il l’espère avec autant de passion que lui. "On n’est pas médecin à mi-temps, on l’est toute sa vie !"
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.