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Les médicaments pourraient être vendus à l'unité

La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a créé la surprise en annonçant que les médicaments pourraient, dans le futur, être vendus à l'unité. Une expérimentation va être mise en place dans certaines régions. Si les pharmaciens ont accueilli cette nouvelle avec réserve, une telle mesure pourrait permettre à la Sécurité sociale de réaliser de nombreuses économies. 
Article rédigé par Lucas Roxo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Maxppp)

Chaque Français conserverait en moyenne 1,5 kg de médicaments non utilisés dans son armoire à pharmacie. Un chiffre surprenant, et que la ministre de la Santé souhaite voir se résorber. Pour cela, elle envisage une réforme qui obligerait les pharmacies à vendre leurs médicaments à l'unité. Le principe est simple : le client n'achètera que la quantité qui lui a été prescrite par le médecin, et non plus une boite entière. 

Une expérimentation avec les pharmaciens volontaires

"Nous constatons que les Français consomment trop de médicaments, et qu'ils ont tendance à conserver des médicaments qui les amène a les réutiliser de manière pas nécessairement appropriée ", a expliqué Marisol Touraine. "Nous voulons donc lutter contre le gaspillage de médicaments, ce qui sera un facteur d'économie, et nous voulons aussi lutter pour une bonne qualité d'utilisation du médicament ."

Une expérimentation sera mise en place dans certaines régions, avec les pharmaciens volontaires. Et elle touchera principalement les antibiotiques. "Cette expérimentation se fera avec les pharmaciens. Nous avons déjà commencé à l'évoquer, seuls des pharmaciens volontaires s'engageront dans cette démarche, et nous commençons par les antibiotiques car nous savons que la consommation d'antibiotques est un enjeu de santé publique important en France", a indiqué la ministre de la Santé.  

Les pharmaciens divisés

Les pharmaciens sont eux partagés sur la question. Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, estime que "dans certains cas, il est tout à fait intéressant de pouvoir délivrer le nombre de comprimés exacts ". Il poursuit : "Cela nécessitera une adaptation par rapport à notre manière de travailler aujourd'hui. Mais dans une approche de santé publique, il est important que les antibiotiques soient pris en marche d'une manière différente ". 

"Tout cela ne semble pas très rationnel"

Par contre, pour Gilles Bonnefond, secrétaire général de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine, la retour de la "vente au vrac " n'a rien de bon. "Franchement, peut-on se passer de toutes les informations obligatoires sur les boîtes comme les risques de somnolence, les contre-indications, les conditions de conservation ? " interroge-t-il. "Revenir à l'époque du vrac en perdant la traçabilité de ces informations, je ne suis pas sûr que cela soit un progrès ", estime-t-il. "Tout cela ne me semble pas très rationnel au vu des règles de sécurité, de stockage, d'information "

Mais la ministre de la Santé se veut rassurante et compte faire les choses dans l'ordre. "Je veux rassurer ceux qui ont besoin d'être rassurés ", prévient-elle. "Nous allons construire avec les pharmaciens volontaires la manière d'avancer pour mieux maitriser la vente de médicaments et surtout la consommation de médicatments qui reste excessifve en France ."

Dans les pays anglo-saxons, et en particulier aux Etats-Unis, les pharmacies ont recours à ce mode de dispensation depuis plusieurs années. 

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