Grève des pharmaciens : "L'idée est de maintenir la sécurité du patient et de ne pas déstructurer la profession", souligne le président de l'Académie nationale de pharmacie

Entre 15 000 et 18 000 pharmacies, sur les 20 500 que compte la France, seront fermées jeudi, d'après les prévisions des syndicats et des rassemblements sont prévus dans toute la France. C'est la première grande grève de la profession en dix ans.
Article rédigé par franceinfo
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Jean-Louis Beaudeux, doyen de la Faculté de pharmacie de Paris et Président honoraire de l’Académie nationale de Pharmacie, le 30 mai 2024 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

En faisant leur première grande grève depuis dix ans, les pharmaciens veulent interpeller les pouvoirs publics sur le malaise de l’officine. "L'idée est de maintenir la sécurité du patient et de ne pas déstructurer la profession", a souligné jeudi 30 mai sur franceinfo le président honoraire de l’Académie nationale de pharmacie et doyen de la faculté de pharmacie de Paris Jean-Louis Beaudeux. Entre 75% et 90% des officines seront fermées jeudi, selon les syndicats.

Les pharmaciens entendent alerter sur "la dynamique très délétère" qui parcourt la profession, selon Jean-Louis Beaudeux, avec comme inquiétude principale la disparition des pharmacies. "C'était 270 pharmacies qui fermaient en 2022, 350 en 2023 et sur la projection du mois de janvier 2024, on serait à 440", a alerté le président honoraire de l’Académie nationale de pharmacie. En cause, "un problème d'attractivité et de démographie pharmaceutique", selon lui. "Je le vois par le déficit d'étudiants que nous avons en ce moment et qui se répercutera dans cinq ans, lorsque les étudiants sortiront néo professionnels", a projeté le doyen de la faculté de pharmacie de Paris.

Une grève qui intervient aussi en pleine négociations conventionnelles avec l'Assurance maladie qui fixent les conditions d'exercice et de rémunération du réseau d'officines pour les prochaines années. "À travers cette grève, l'idée, c'est réellement de maintenir ce positionnement territorial du pharmacien dans la chaîne de soins", a-t-il poursuivi. Les pharmaciens dénoncent aussi les pénuries de médicaments qui ne "s'arrangent pas", selon lui. "La récurrence de ces pénuries est délétère pour le patient, délétère pour le pharmacien qui cherche le médicament à tout prix", a-t-il fait savoir.

La profession réclame par ailleurs une hausse des rémunérations et s'inquiète de la dérégulation du réseau qui pourrait prochainement aboutir à un assouplissement de la vente en ligne des médicaments sans ordonnance. Dans le viseur des syndicats, la possible création de "stocks déportés" à un endroit autre que l'officine. C'est un "risque de financiarisation des pharmacies", craint Jean-Louis Beaudeux, désireux de "maintenir l'outil de travail qu'est l'officine".

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