Grève des pharmaciens : entre 75% et 90% des officines seront fermées jeudi, selon les syndicats

Un préavis de grève a été déposé par les syndicats de pharmaciens pour le jeudi 30 mai. Une trentaine de rassemblements est prévue partout en France.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Une affiche sur une pharmacie à Wittenheim, en Alsace, le 28 mai 2024. (JEAN-FRANÇOIS FREY / MAXPPP)

Entre 15 000 et 18 000 pharmacies, sur les 20 500 que compte la France, seront fermées jeudi 30 mai, d'après les prévisions recueillies par l'Agence Radio France auprès des syndicats de la profession. Ce qui correspond à un taux d'officines mobilisées entre 75% et 90%. Les deux syndicats, la Fédération des pharmaciens d'officines (FSPF) et l'Union de syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) ont déposé un préavis national de grève, soutenue également par l'Ordre des pharmaciens.

Par exemple "80 % des pharmacies bretonnes" baisseront le rideau, d'après l'agence régionale de santé. En Corse "90% des pharmacies se déclarent grévistes en Corse-du-Sud (sur 57 pharmacies) et 86 % en Haute-Corse (sur 70 pharmacies)", indique l'ARS de l'île, qui annonce aussi que "les gardes prévues la nuit seront donc assurées", car "le mouvement concerne la seule journée". 

Dans ce contexte, certaines pharmacies seront réquisitionnées. Mais "les établissements réquisitionnés n'assureront que les besoins urgents, les patients sont donc invités, dans la mesure du possible, à anticiper ou reporter leurs besoins en produits pharmaceutiques", prévient par exemple l'ARS Bretagne.

Une trentaine de rassemblements prévue

Une trentaine de rassemblement sont prévus, dont une manifestation à Paris à 15 heures entre la Faculté de Pharmacie et le ministère de l'Économie. Parmi leurs revendications, les pharmaciens demandent notamment au gouvernement de mettre en œuvre un plan contre les pénuries de médicaments. Et alors que des négociations ont débuté avec l'Assurance maladie, les syndicats entendent mettre la pression pour exiger la revalorisation de leurs honoraires.

"Ce n'est pas la marge des médicaments qui nous rémunère le plus, ce sont les honoraires, et on demande une revalorisation des honoraires", déclare à franceinfo Pierre-Olivier Variot, président du syndicat USPO.

On est a à peu près à 60 000 euros de perte par officine, et aujourd'hui l'Assurance maladie nous offre une revalorisation à hauteur de 8 000 euros par an.

Pierre-Olivier Variot, président du syndicat USPO

à franceinfo

"Nous avons subi de plein fouet l'inflation, comme beaucoup, mais elle a été encore plus présente dans nos officines à cause des salaires, que l'on paie à nos salariés, beaucoup plus majorés que la normale, ce qui fait qu'il y a des fermetures en cascades", poursuit-il. D'après lui, "en janvier il y a eu 36 fermetures, deux fois plus que l'an dernier".

"C'est une profession accompagnée sur le plan financier", fait valoir le ministre

Mardi, le ministre délégué charge de la Santé Frédéric Valletoux a assuré à l'Assemblée nationale que "les questions que se posent cette profession doivent être entendues", ajoutant que les discussions entre les pharmaciens et l'Assurance maladie sont ouvertes depuis décembre dernier. "La rémunération des pharmaciens s'est élevée à 7,3 milliards d'euros en 2023, en hausse de 20% depuis 2019", a rappelé le ministre délégué. "Sur les négociations en cours, la proposition que leur a fait le gouvernement, c'est d'abord de revaloriser leurs honoraires de 10%, c'est de revaloriser les majorations de garde et de nuit, c'est de revaloriser les actes notamment sur la vaccination", a-t-il fait savoir.

"C'est donc une profession qui est accompagnée sur le plan financier", a-t-il tranché. "Il y a des propositions très concrètes sur la table pour continuer à accompagner les mutations de cette profession", a-t-il ajouté. "Sur les ruptures de médicament, le gouvernement est mobilisé et nous avons annoncé avec Catherine Vautrin des dispositions pour faciliter la gestion des flux et des stocks permettant de fluidifier le marché des médicaments", a-t-il insisté.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.