Des patients âgés mis sous somnifères sans prescription à l'AP-HP
"A l’été 2017, la vigilance des équipes soignantes de l’hôpital Sainte-Périne – AP-HP a permis de constater des écarts de stock pour des médicaments de la famille des psychotropes", révèle le 12 juin l’AP-HP dans un communiqué. "Nous avons d’abord pensé à un trafic, ou à une consommation personnelle. Mais par la suite, quand nous avons retrouvé une ampoule dans la chambre d’un patient alors que ce médicament ne lui avait pas été prescrit, nous avons eu des doutes", raconte le Dr Bruno Le Dastumer, gériatre à Sainte-Périne.
Afin d’éclairer ce mystère, l’hôpital, spécialisé dans la prise en charge des personnes âgées, a réalisé plusieurs séries d’examens toxicologiques sur des patients au comportement inhabituel. Résultat : au total, 13 d’entre eux ont été contrôlés positifs aux psychotropes (somnifères, anxiolytiques et calmants) alors qu’aucune prescription n’avait été établie. "La surveillance clinique rapprochée de ces patients n’a pas permis d’établir de relation de cause à effet entre l’administration de ces psychotropes" et l’évolution de leur état de santé, précise néanmoins le communiqué.
Un plan d’action pour l’amélioration de la prise en charge médicamenteuse
A la suite de cette découverte, l’AP-HP a décidé de lancer un plan d’action "pour l’amélioration de la prise en charge médicamenteuse" dans ses hôpitaux gériatriques. Ce dispositif prévoit un contrôle du niveau de sécurisation du circuit du médicament dans chaque établissement et des formations sur les effets indésirables des traitements chez les personnes âgées. "Tout un chacun doit réaliser les dangers de ces médicaments. Ils peuvent notamment présenter des effets indésirables comme des somnolences, d’où des chutes", résume le Dr Le Dastumer. Celui-ci met cependant en garde contre une diabolisation des psychotropes : "Il faut aussi mettre en valeur leur aspect positif. Il est normal d’en prescrire pour des personnes qui souffrent d’anxiété ou de dépression, par exemple. D’autant qu’à Sainte-Périne, 90% de nos patients présentent des démences graves."
Pour le moment, l’AP-HP a saisi le procureur de la République de Paris. Une enquête administrative a par ailleurs été confiée à la direction de l’inspection et de l’audit. "L’administration de médicaments sans prescription médicale peut recevoir une qualification pénale", rappelle l’AP-HP.
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