Mediator : un "manifeste des 30" et une pétition contre les laboratoires Servier
Le document demande au monde médical de "reconsidérer ses liens avec le groupe pharmaceutiques", qui est accusé de freiner les dossiers d'indemnisation de victimes du Mediator.
Un "manifeste des 30" appelle à boycotter le laboratoire Servier, accusé d'adopter une attitude "contraire à l'éthique scientifique et pharmaceutique", alors que "l'état de nombreuses victimes [du Mediator] ne cesse de se dégrader". Lancé en milieu de semaine, ce texte est signé par des personnalités du monde médical et de la société civile, à l'initiative de la pneumologue Irène Frachon. Près de 3 000 personnes ont déjà signé le document, vendredi 28 août, sur un site qui lui est consacré.
Parmi les premiers signataires, Didier Sicart, médecin, ancien président du Comité consultatif national d'éthique (CCNH), Rony Brauman, médecin et ancien président de Médecins sans frontières (MSF) ou encore le philosophe Michel Serres. Tous réclament aux professionnels de santé – à savoir les "médecins, soignants et leurs instances représentatives" – à "reconsidérer leurs liens avec le groupe pharmaceutique".
Servier verse sans compter aux médecins d’une main, et retient l’indemnisation des victimes de l’autre main. C’est cette indécence qui nous a poussés à appeler au réveil des médecins.
Frachon accuse Servier d'user de prétextes "fallacieux"
Cette opération est lancée alors qu'un nouveau "bras de fer se joue entre Servier et l'Oniam (Office national d'indemnisation des victimes d'accidents médicaux)", indique Irène Frachon. Fin 2014, cet organisme a réévalué les indemnités accordées aux victimes. "Servier a vu ça d'un très mauvais œil", juge Irène Frachon. La pneumologue accuse le laboratoire de contester les décisions de l'Oniam sous des prétextes "totalement fallacieux". Elle ajoute que Servier fait pression sur les victimes, ce qui contraint l'Oniam à les indemniser avec des fonds publics, avant de se retourner ultérieurement contre le laboratoire.
De leur côté, les laboratoires Servier ont réagi par communiqué, jeudi, pour dénoncer "la polémique lancée sur internet appelant les médecins soignants à 'réévaluer la pertinence des liens les unissant au laboratoire'". Le texte ajoute que "sur les 1 300 dossiers retenus par ces experts et transmis à Servier pour indemnisation, seuls 8 cas n’ont pas reçu pour le moment d’offre d’indemnisation".
Prescrit pendant trente ans, le Mediator pourrait être responsable, à long terme, de 2100 morts, selon une expertise judiciaire. Alors que l'enquête est terminée depuis avril 2014, la date du procès n'est toujours pas fixée, car Servier a multiplié les recours concernant la procédure.
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