Zika : le risque de microcéphalie estimé entre 1 et 13%
En avril 2016, une étude avait confirmé que l'infection par le virus Zika provoquait bien des risques de microcéphalies chez le fœtus. Mais le pourcentage restait incertain.
Selon une étude publiée le 25 mai 2016 dans le New England Journal of Medecine, le risque de développer une microcéphalie pour un fœtus infecté par Zika pendant le premier trimestre de la grossesse est estimé entre 1 et 13%.
Cette fourchette a été obtenue par des chercheurs des centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) grâce à la création d’un modèle mathématique basé sur des statistiques d’infection par le Zika et de cas de microcéphalies en Polynésie française, ainsi que dans l’état de Bahia au Brésil, de juillet 2015 à février 2016.
Deux scénarii possibles évalués
Le modèle mathématique donne une fourchette assez large car les chercheurs ont envisagé deux scénarii possibles. En effet, selon Simon Cauchemez, directeur de recherche de l’unité de modélisation mathématique des maladies infectieuses à l'Institut Pasteur, "évaluer le pourcentage de risque de microcéphalie au Brésil présente une incertitude car le pourcentage de la population infectée par le virus n’est pas connue contrairement à celui de la Polynésie française qui est de 66%."
Les chercheurs ont donc exploré deux pistes en posant deux hypothèses extrêmes. Si 10% de la population à Bahia au Brésil est infectée, les calculs donnent un risque de 13% pour un fœtus de développer une microcéphalie. Si au contraire, on considère que 80% de la population est infectée, le risque pour un fœtus de naître avec une microcéphalie n'est plus que de 1%.
Préparer les systèmes de santé
"L'hypothèse des 80% me paraît plus plausible au vu du chiffre de 66% en Polynésie française", commente Simon Cauchemez. Ce qui correspond à un risque de 1% de développer une microcéphalie, chiffre similaire à ce qu’avait évalué ce chercheur et son équipe pour la Polynésie française dans une étude publiée dans The Lancet, en mars 2016. "Mais ce qui est sûr, c’est que lorsqu'il manque des données, il faut explorer tous les scénarii possibles", explique-t-il.
Pour lui, "quel que soit le pourcentage du risque, il est réel. Le fait d'encourager les systèmes de santé à se préparer même dans les zones où le virus ne s’est pas encore propagé est une recommandation valable".
Une relation de cause à effet certaine lors du premier trimestre
Les deux études françaises et américaines s'accordent sur un point, celui de la relation de cause à effet entre une infection par le virus Zika durant le premier trimestre de grossesse et le risque de microcéphalie. Pour l'instant, selon cette étude, il apparaît qu'il est négligeable lors des deux derniers trimestres. Cependant, d'autres études doivent être menées pour comprendre les effets que peut avoir Zika sur le fœtus lors de cette période comme notamment d'autres effets cérébraux néfastes. "La microcéphalie n'est semble-t-il qu'une partie immergée de l'Iceberg", conclut Simon Cauchemez.
Source : Zika and the Risk of Microcephaly. Michael A. Johansson, Ph.D., Luis Mier-y-Teran-Romero, Ph.D., Jennita Reefhuis, Ph.D., Suzanne M. Gilboa, Ph.D., and Susan L. Hills, M.B., B.S. May 25, 2016, DOI: 10.1056/NEJMp1605367
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.