Vers de nouvelles préconisations pour la pose des cathéters
L’étude a été menée dans onze unités de soins intensifs français entre octobre 2012 et février 2014, auprès de 2349 patients adultes. Les deux antiseptiques testés étant actuellement préconisés en France, sans préférence, les malades se voyaient attribué au hasard l'un ou l'autre. Avant l’application du produit, la peau était préalablement nettoyée chez la moitié des patients.
Si les infirmiers qui ont posé les cathéters ne pouvaient ignorer le protocole employé, les résultats de la campagne de test ont, eux, été analysés "en aveugle". En d’autres termes, les chercheurs ont déterminé les performances des protocoles A, B, C ou D, sans savoir à quoi ils correspondaient – ce, afin de ne pas être tenté de sur-évaluer ou sous-évaluer un protocole à l’égard duquel ils avaient une opinion préconçue.
Selon les résultats, l’utilisation de chlorhexidine alcoolique a été associée à une incidence des infections liées aux cathéters six fois moins importante qu’avec la povidone iodée alcoolique[1]. Le nettoyage préalable de la peau n'a pas eu d'influence significative sur le taux d'infections recensé.
En revanche, alors que sept patients ont eu des "réactions cutanées graves" avec la povidone iodée, vingt-sept ont présenté ces effets secondaires avec la chlorhexidine.
Les chercheurs notent toutefois que la supériorité constatée de la chlorexidine pourrait pour beaucoup tenir au conditionnement du produit (flacons à usage unique avec applicateur stérile).
Si la chlorexidine coûte environ 50% plus cher que la povidone iodée, les auteurs rappellent que le traitement de chaque infection par cathéter coûte… 20.000 euros à la collectivité.
Si ces travaux étaient confirmés, ils pourraient amener à une révision des préconisations hospitalières en France.
Source : Skin antisepsis with chlorhexidine–alcohol versus povidone iodine–alcohol, with and without skin scrubbing, for prevention of intravascular-catheter-related infection (CLEAN): an open-label, multicentre, randomised, controlled, two-by-two factorial trial. O. Mimoz et coll. The Lancet, 17 sept. 2015. doi: 10.1016/S0140-6736(15)00244-5
[1] Une infection tous les 3500 "jours de port de cathéter" (dans un service de 350 patients, cela revient à la survenue d’une infection tous les dix jours en moyenne) contre une infection tous les 565 "jours de port de cathéter".
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