Soins funéraires pour les séropositifs : quels sont les risques ?
C'est la fin d'une interdiction vieille de plus de trente ans. Désormais, à leur mort, les personnes séropositives ou atteintes d'une hépatite virale pourront recevoir des soins funéraires de conservation du corps. La décision a été prise en juillet par la ministre de la Santé et prendra effet à partir du 1er janvier 2018.
Levée de l'interdiction : une victoire pour les associations de patients
Pendant des années, les associations de malades du sida et leurs familles ont bataillé pour obtenir la levée de l'interdiction des soins funéraires. Une "discrimination" insupportable pour eux. Laurent Pallot est secrétaire général de l'association Aides. Pour lui, cette question a toujours été un sujet d'inquiétude. "Je suis séropositif depuis un certain temps. C'était une discussion qu'on avait dans le milieu familial. Il y avait la crainte que le jour où il m'arrive quelque chose, mes proches ne puissent pas accéder à mon corps, ne puissent pas se recueillir correctement. C'est une donc grosse avancée".
Des soins funéraires aux séropositifs qui divisent les thanatopracteurs
Mais, l’autorisation des soins funéraires aux séropositifs divise les thanatopracteurs. Leur travail vise à retarder la décomposition du corps, en injectant notamment un produit antiseptique et conservateur à la place du sang. Le Syndicat professionnel des thanatopracteurs indépendants et salariés (SPTIS) a même lancé une pétition contre l'arrêté permettant ces soins. Selon eux, les risques de contamination sont réels. Le SPTIS n'a pas donné suite à nos demandes d'interview.
D'autres thanatopracteurs estiment que les risques sont limités, à condition de respecter un protocole d'hygiène et de sécurité très strict. Olivier Parisse est thanatopracteur chez Hygeco. À chaque étape, il est très vigilant pour éviter toute contamination. "Quand on fait les soins, on doit faire attention aux coupures. On a des gants de protection qui sont résistants. Quand on va suturer le corps, il faut faire attention aux piqûres. C'est là qu'il y a le plus de risques. Comme on force un peu avec les aiguilles, ça peut transpercer le gant plus facilement qu’avec le scalpel".
Toutes ces précautions doivent être respectées par les thanatopracteurs pour éviter tout risque de contamination. Mais pour le Pr Pierre-Marie Girard, infectiologue, ce n'est pas le virus du sida qui pose le plus de problème. "Le VIH est plutôt un virus fragile. Le risque de contamination à partir d’un patient séropositif est extrêmement faible. En revanche, il y a d’autres risques comme l’hépatite B ou C qui sont plus importants mais dont on ne parle pas".
Chaque année, sur les 545.000 personnes décédées en France, près de 200.000 bénéficient de soins de conservation. Ces pratiques restent interdites pour les personnes décédées de la maladie de Creutzfeld Jakob, de "tout état sceptique grave", de la rage, du choléra ou de la peste.
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