Recrudescence inexpliquée des chocs toxiques liés aux tampons hygiéniques
En 1990, plus aucun cas de syndrome du choc toxique (SCT) n'était recensé en France. Mais depuis la fin des années 90, la maladie a réapparu et ne cesse de croître : 5 cas déclarés en 2004, 19 en 2011 et jusqu'à 22 cas en 2014. Le choc toxique peut potentiellement toucher 1% des femmes, celles qui sont porteuses du staphylocoque doré (Staphylococcus aureus). Alertés par cette hausse, des chercheurs du centre national de référence des staphylocoques des Hospices civils de Lyon ont décidé de lancer un collecte de tampons usagers afin d'en identifier la cause.
Avec un tampon, "le fluide menstruel est bloqué, il va rester au chaud. C'est donc un milieu de culture formidable et s'il y a cette fameuse bactérie, elle va se mettre à produire une toxine (TSST-1) qui va passer dans le sang", explique le professeur Gérard Lina lors d'une conférence de presse le 19 octobre. D'où l'importance d'éviter de garder un tampon plus de quatre heures: plus on le garde, plus les bactéries prolifèrent. Dans leurs notices, les fabricants recommandent d'ailleurs de changer de tampon très régulièrement.
Nécroses, amputations... des séquelles irréversibles
Après un choc toxique, certaines femmes ont eu des bouts de nez, de doigts, nécrosés. Une jeune mannequin américaine, Lauren Wasser, a elle perdu une jambe en 2012. Face à la toxine, les organes vitaux se mettent en effet en mode survie, au dépens des extrémités de moins en moins irriguées.
Les médecins sont insuffisamment sensibilisés au problème d'autant, qu'au début, les symptômes font penser à un virus banal. Dans les années 80, "on a accusé le tampon en viscose Rely d'en être responsable". Donc, tout le monde pense depuis que le problème est réglé, relève le Pr Lina.
La cause de l’augmentation des SCT encore trouble
Mais la hausse des cas ces dernières années interpelle. Plusieurs pistes pourraient l'expliquer : la nature des composants, l'utilisation accrue de tampons ou une évolution de la flore vaginale due peut-être à l'alimentation, avance le professeur Lina.
Pour en avoir le cœur net, son lance une grande collecte nationale avec l'espoir d'obtenir au moins 1.000 tampons usagés. Il suffit d'aller sur le site du CHU de Lyon ou d'écrire à gerard.lina@univ-lyon1.fr pour obtenir un kit. L'intérêt est aussi pour la participante de savoir si elle est porteuse de la bactérie l'exposant à ce risque.
Par ailleurs, une pétition ayant recueilli plus de 257.000 signatures demande aux fabricants de "rendre visibles la composition des tampons". En février, l'association 60 millions de consommateurs avait aussi alerté sur la présence de dioxines dans certaines protections hygiéniques.
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