Grippe : des opérations reportées pour libérer des lits
Dès le 10 janvier, la ministre de la Santé a tiré la sonnette d’alarme : les Urgences sont "aux limites de leurs capacités". Sur les 850 hôpitaux publics, 142 se déclarent "sous tension". Ce dispositif leur permet d'ouvrir des lits supplémentaires, de rappeler du personnel soignant en congé et de déprogrammer des soins et des opérations non urgentes.
Report des opérations non urgentes
La ministre encourage tous les hôpitaux, y compris privés, à tout faire pour désengorger les Urgences. "Je demande à tous les hôpitaux (…) de systématiquement regarder s’il faut déprogrammer des opérations, des soins médicaux pour libérer des lits. J'ai ensuite demandé aux Agences Régionales de Santé (ARS) de mettre en œuvre un pilotage stratégique rapproché c'est-à-dire de s’assurer que, sur leur territoire, il y a en quantité suffisante pour les jours qui viennent le nombre de lits nécessaire pour hospitaliser les personnes."
Le Dr Mathias Wargon dirige les Urgences de l'hôpital Saint-Camille à Bry-sur-Marne. Cela fait déjà plusieurs jours que des opérations sont déprogrammées dans son hôpital pour libérer les lits. Mais, selon lui, tout le monde ne joue pas le jeu. "Tous les hôpitaux ne l’ont pas fait jusqu’à maintenant alors que c’est prévu dans tous les plans hôpitaux en tension, que cela fait 15 jours-3 semaines qu’on sent la tension monter, qu’il y a beaucoup plus de patients aux Urgences et qu’il y a eu un épisode de froid samedi qui a engendré une catastrophe supplémentaire. Cette situation, on la sent venir depuis 15 jours."
Le pic de la grippe devrait être atteint la semaine prochaine
Débutée en décembre, l’épidémie de grippe devrait atteindre son pic la semaine prochaine. Si le nombre de passage aux Urgences commence à diminuer (4.788 pour la première semaine de janvier contre 5745 fin décembre), l’afflux de personnes âgées reste préoccupante. La moitié des patients de plus de 65 ans grippés doivent être hospitalisés. Un séjour qui dure entre 10 et 15 jours. L’enjeu est donc de garantir la disponibilité de lits pour les nouveaux patients.
En plus du report des opérations qui ne sont pas urgentes, Marisol Touraine demande aux médecins généralistes d’orienter vers les Urgences uniquement les patients ayant besoin d'être hospitalisés.
Les soignants sont-ils assez vaccinés contre la grippe ?
Le ministère dit aussi "réfléchir" à rendre obligatoire le vaccin contre la grippe pour les soignants (médecins, infirmiers...). Selon les estimations, seulement 25% à 30% des soignants se font vacciner contre la grippe chaque année. C'est trop peu selon Benoît Vallet, directeur général de la santé. "On souhaite atteindre des chiffres qui soient de l’ordre de 75% ou 100%. Ce serait un idéal. Aujourd’hui, on est plus en dessous de 50%. Ce n’est qu’une estimation, car on n’a pas de recensement précis de la vaccination. Aujourd’hui, elle est strictement volontaire." Seul le vaccin de l’hépatite B est obligatoire pour les professionnels de santé. Dès cette semaine, des réunions autour de la vaccination des soignants doivent être organisées.
Mais, pour le Dr Wagon, urgentiste, l’amélioration de la couverture vaccinale n’est pas la priorité. "Cette année, comme il y a deux ans, on a des patients vaccinés qui ont la grippe malgré tout. (…) Il fait froid, les patients sont âgés, plus fragiles, ils peuvent aussi glisser. Tous ces patients âgés, c’est tous les hivers la même chose. Mais ce n’est pas normal de laisser quelqu’un d’âgé ou de plus jeune d’ailleurs attendre des heures sur un brancard." Il souhaite donc qu’on améliore la prise en charge des patients âgés pour éviter qu’il reste trop longtemps à l’hôpital, faute d’autres solutions.
Pour l’instant, il est encore trop tôt pour évaluer l’épidémie de grippe cette année. L'hiver 2016/2017, le virus n'avait pas généré d'excès de mortalité, mais il y a deux ans, on avait constaté une surmortalité de 18.000 personnes, en partie attribuable à la grippe.
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