Cet article date de plus de dix ans.

Guinée : comment s'organise la lutte contre Ebola

Médecins, anthropologues et population sont mobilisés pour endiguer la contamination. L'épidémie a déjà fait plus de 80 morts en Guinée et se propage aux pays voisins.

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des personnels de Médecins sans frontières transportent le corps d'une victime du virus Ebola, le 1er avril 2014, en Guinée.  (SEYLLOU / AFP)

La France accroît sa "vigilance", les pays voisins s'inquiètent et Médecins sans frontières qualifie l'épidémie de "préoccupante". Le virus Ebola qui sévit en Guinée continue de se propager, jeudi 3 avril, au Liberia et sans doute à la Sierra Leone. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déjà dénombré 127 cas de cette fièvre en Guinée, dont 83 mortels. 

Dans les villes concernées, comme Guéckédou ou Conakry, population et médecins s'organisent pour éviter la propagation. 

MSF renforce ses équipes

L'association Médecins sans frontières prend l'épidémie très au sérieux. Une soixantaine de personnes, médecins, infirmiers, épidémiologistes et expatriés, toutes spécialisées dans la prise en charge de cette maladie, ont été envoyées sur place en Guinée, indique-t-elle dans un communiqué. Plus de 40 tonnes de matériel ont aussi été acheminées. 

Sur place, médecins et infirmiers respectent des conditions très strictes de protection, détaillées par Julie Damond, responsable régionale de MSF, interrogée par Guinée News. Parmi les règles à respecter : "Isoler les cas suspects pour diminuer les risques de contamination" et s'équiper.

Les gants des médecins et infirmiers sèchent au soleil après avoir été désinfectés, dans le centre d'aide aux patients atteints de l'Ebola, à Guéckédou (Guinée).  (SEYLLOU / AFP)
 

Les soignants de MSF doivent ainsi revêtir "une combinaison complètement hermétique et (...) du matériel de protection", tels des gants, des masques et des lunettes. Ils doivent aussi se désinfecter au chlore très régulièrement. A cette seule condition, ces hommes et femmes peuvent entrer dans les salles où sont confinés les malades, explique une médecin dans cette vidéo

Un soignant de Médecins sans frontières se désinfecte au chlore à la sortie d'un centre d'aide aux victimes de la fièvre Ebola, le 1er avril 2014, à Guéckédou, en Guinée.  (SEYLLOU / AFP)

Les médecins guinéens alertent sur le manque d'information

La peur gagne de plus en plus de Guinéens, et les rumeurs concernant les nouveaux cas ou les traitements possibles (mais totalement inexistants) se propagent. Oumar Sylla, médecin dans un hôpital de Conakry et interrogé par France 24, appelle à mieux informer la population apeurée, citoyens comme personnels de santé.

"Beaucoup de gens sont persuadés que porter des gants et se laver régulièrement les mains suffit, ce qui est un raccourci", précise-t-il. Le milieu hospitalier n'est pas en reste. Selon lui, "très peu d’infirmiers, de laborantins, et même de médecins, sont réellement informés sur l’attitude à adopter face à ces fièvres hémorragiques". Les hôpitaux locaux sont démunis et inexpérimentés face à ce risque. 

Pour Abdoulaye Sy, directeur de l'hôpital de Dinguiraye, dans le centre de la Guinée, il y a donc "encore du travail de pédagogie à faire auprès de la population. Il faut par exemple renforcer la communication dans les langues vernaculaires, en peul et en malinké". 

L'Unicef veille aux bons réflexes sanitaires

L'Unicef semble avoir entendu les consignes. Depuis plusieurs semaines, ses équipes prodiguent des conseils afin d'informer la population guinéenne, et endiguer la contamination. Dès le début de l'épidémie, des savons, des flacons de solutés de réhydratation, des boîtes de chlore liquide (pour désinfecter) ou encore des paquets de sel de réhydratation ont été distribués à la population, comme le montre cette image postée sur Twitter.

A l'aide de dessins, des équipes expliquent aussi aux habitants de Conakry, la capitale guinéenne, comment se désinfecter pour éviter d'attraper ce virus très contagieux. Il se transmet à l’homme à partir des animaux sauvages et se propage d'homme à homme par les fluides, à savoir la salive, le sang ou encore la transpiration. 

Côté alimentaire, la Guinée a interdit la vente et la consommation de viande de brousse, un des principaux vecteurs du virus, indique le site de L'Express Guinée.

De la viande de brousse grille sur le bord d'une route de Yamoussoukro (Côte d'Ivoire).  (THIERRY GOUEGNON / REUTERS)

Les anthropologues gèrent les rites funéraires

Le virus Ebola change le quotidien des habitants. Des anthropologues ont ainsi été envoyés par MSF et l'OMS afin de prendre en charge les familles des victimes mortes du virus, explique Le Monde. Le virus peut en effet encore s'attraper après le décès, par le contact avec le corps et ses sécrétions très contagieuses. Ainsi, les funérailles deviennent des foyers de contamination. 

Il faut donc éviter que les familles ne s'approchent des défunts, les touchent, les lavent. Les corps sont emballés dans des sacs hermétiques, avec une ouverture au niveau du visage pour que les proches puissent les voir. Il faut aussi désinfecter toute la maison au chlore, éloigner les personnes venues pour les funérailles, voire modifier les traditions funéraires, explique encore le quotidien. Des actions qu'il faut mener en douceur, pour éviter que la famille ne cache le décès. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.