: Vidéo "On ne sait absolument pas comment ça va se passer" : pour les centres de loisirs, le casse-tête de l'organisation de l'été
Ces structures sont une vraie bouffée d’oxygène en été, notamment pour les jeunes issus des quartiers populaires, et encore plus après une période de confinement. Exemple à Saint-Etienne (Loire).
A cette période de l'année, Philippe Chastel, le directeur de l'espace Boris-Vian, un centre social dans le centre ville de Saint-Etienne, devrait avoir commencé les inscriptions pour les activités de cet été. "En été, nous, on sort beaucoup les enfants. On prend des bus, on va se baigner dans les lacs, on va faire de l'accrobranche, faire de l'équitation, visiter des musées..." Sauf qu'à cause du coronavirus, il ne peut rien prévoir. "On ne sait absolument pas comment ça va se passer pour cet été. Nous, de toute façon, il faut qu'on ouvre juillet. Et puis, il faudra qu'on étudie rapidement aussi la question du mois d'août."
Fermés eux aussi à cause de l’épidémie de coronavirus, les centres de loisirs ne savent pas s'ils pourront de nouveau accueillir les enfants et les adolescents. Impossible d’organiser quoi que ce soit faute de feu vert. Une seule certitude : cet été 2020 ne ressemblera à aucun autre. "Nous, au mois d'août, on n'ouvre jamais, explique Philippe Chastel. Or, là, ce qui se passe depuis une dizaine de jours, c'est qu'on a des familles qui nous disent soit qu'elles ne pourront pas partir en vacances pour des raisons financières, soit qu'elles ne voudront pas partir en vacances pour des raisons plutôt sanitaires. Et puis d'autres où les employeurs vont faire travailler les parents. C'est très, très nouveau pour nous. C'est inédit."
Des "décrocheurs" qu'il faut raccrocher
Difficile aussi pour lui d'imaginer cet été des activités extérieures comme la piscine, s'il faut respecter les mesures de distanciation. Il faudra peut être aussi faire venir les enfants seulement un jour sur deux. "De toute façon, on s'est mis dans la tête quand on accueillerait 200 enfants en même temps dans le bâtiment. Si on est sur la logique de quatre mètres carrés par enfant, on ne pourra pas en prendre tant que ça."
Gilles Epale, le président de l'Amicale laïque de Michelet, une structure dans un quartier défavorisé, s'inquiète, lui, pour les élèves les plus en difficulté depuis la fermeture des établissements scolaires. "Ces décrocheurs, si on ne fait rien, ils seront définitivement perdus." Rouvrir les centres cet été est primordial pour "leur permettre d'avoir le matin des activités autour de la scolarité, de reprendre un travail de parcours scolaire, et l'après-midi, de se détendre, de faire du sport..."
Si on ne fait rien, en septembre, on aura des centaines de jeunes et d'enfants qu'on ne pourra plus remettre dans le circuit.
Gilles Epale, Amicale laïque de Micheletà franceinfo
Pour Siham Labich, adjointe au maire de Saint-Etienne en charge des politiques sociales et des centres sociaux, il est extrêmement important que ces structures ouvrent en juillet et en août, surtout pour les enfants issus des quartiers populaires. "Ces enfants, ils se sont retrouvés confinés pour la plupart dans des logements sociaux, note-t-elle, où ils devaient partager des espaces avec quatre ou cinq personnes, ce qui n'est pas le cas d'autres familles. Il va falloir reconstruire avec eux des espaces détente, de l'activité, pour leur permettre de s'épanouir et de développer leur esprit." La municipalité a décidé de maintenir toutes les subventions des associations, même pendant cette période incertaine.
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